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Note : 4,8/5
Au menu du jour, je vous propose un Connais-tu ? sur cette adaptation sérielle du roman 11.22.63 (traduit en français par 22.11.63) de Stephen King, dans lequel Jake Epping se voit propulser dans les années 60 afin d'empêcher l'assassinat du Président Kennedy le 11 Novembre 1963, d'où le nom qui a été donné à cette oeuvre littéraire.
I. Origines et histoire
A. Origines
À l'origine, 11.22.63 est un roman de science-fiction avec quelques tonalités fantastiques et historiques. Ce livre a été écrit par Stephen King. Il est paru aux Etats-Unis en 2011 tandis que chez nous, le livre est sorti en 2013. Sur fond de voyage dans le temps, le roman comporte une trame principale où le narrateur tente d'empêcher l'assassinat de John F. Kennedy, et une trame secondaire sous la forme d'une histoire d'amour entre le narrateur et une jeune femme des années 60.
D'où est né ce projet ?
C'est en 1973 que l'idée est venue à King d'écrire ce roman. A l'époque, il estimait que l’événement était encore trop récent et qu'il n'avait pas assez d'expérience littéraire pour le traiter correctement. Ce n'est donc qu'environ trente-cinq ans plus tard qu'il s'est mis au travail pour concrétiser son idée. King a effectué une somme conséquentes de recherches. Il s'est documenté sur la vie quotidienne à la fin des années 1950 et au début des années 1960 et a lu les théories conspirationnistes les plus diverses sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, arrivant à la conclusion que Lee Harvey Oswald avait agi seul. Il s'est rendu à Dallas, où il a notamment visité le Texas School Book Depository et l'ancienne résidence d'Oswald, pendant une semaine, et a également rencontré l'historienne Doris Kearns Goodwin pour s'inspirer de certains de ses scénarios sur ce qui aurait pu se passer au niveau international si Kennedy n'avait pas été assassiné.
Dans l'ensemble, le roman a été très bien accueilli par la presse et par le public. On note par exemple qu'il a reçu trente critiques favorables sur trente-six recensées sur le site spécialisé Metacritic.
Comme beaucoup d’œuvres de Stephen King, celle-ci a naturellement bénéficié d'une adaptation sérielle. C'était déjà le cas avec la récente série Under the Dome, elle-même adaptée de Dome, écrit également par King. 11.22.63 a donc été adaptée en tant que mini-série de huit épisodes, constitué d'un pilote d'environ 80 minutes. Les sept autres épisodes ont une durée moyenne de 42 à 57 minutes.
La série est produite par J.J Abrams et Joseph Boccia, scénarisée par Bridget Carpenter et réalisée par Kevin Mcdonald. King occupe le poste de producteur délégué.
Elle est diffusée en France sur Canal Plus depuis Janvier 2017, il s'agit donc d'une diffusion très récente. La série s'apparente aux genres policiers, science-fiction, thriller.
CASTING :
Crédit Allociné pour les screenshots
B. Histoire
En 2016, Jake Epping, un professeur divorcé qui vit et enseigne dans le Maine, découvre l'existence d'un portail temporel par l'intermédiaire de son ami, Al Templeton, propriétaire d'un Snack-Bar dans lequel Jake mange régulièrement. Lorsqu'il lui révèle être atteint d'un cancer, Templeton explique à Jake qu'il a tenté d'empêcher l'assassinat de John F. Kennedy, mais qu'il a dû y renoncer à cause de la maladie. Al souhaite donc que Jake accomplisse cette mission, qui permettrait de changer l'Histoire et notamment d'éviter la guerre du Viêt Nam et ses conséquences dans les années 1970.
D'abord hésitant, Epping finit par emprunter le portail temporel qui renvoie toujours à la même date : le 21 octobre 1960. Al lui a fabriqué une fausse identité, celle de Jake Amberson. Afin de gagner sa vie, ce dernier va utiliser un livre de résultats sportifs des mêmes années compilé par son ami Al pour parier et gagner de belles sommes d'argent. Il devient professeur d'anglais dans le lycée de Jodie, dans le Texas et va vivre une intense histoire d'amour avec une jeune bibliothécaire du nom de Sadie Dunhill et ce, tout en surveillant les faits et gestes de Lee Harvey Oswald, le présumé coupable. Seulement, la tâche s'avère compliquée puisque Jake est contraint d'affronter le passé qui se « défend » de manière violente afin de ne pas être modifié. De multiples aventures et contretemps le mèneront jusqu'au 5ème étage du dépôt de livres de la Dealey Plaza le 22 novembre 1963. Parviendra-t-il à stopper Oswald ? Parviendra-t-il à sauver le Président ? Si tel est le cas, que deviendra Sadie et quelles conséquences ses agissements auront eu sur le futur ? Il s'agit de l'enjeu final de toute cette série.
II. Mon avis
Je viens
tout juste de commencer le livre, je ne pourrais donc pas aborder la fidélité
envers l’œuvre originelle. Néanmoins en termes de fidélité, je trouve que les
années 60 sont très bien retranscrites à travers l’ambiance générale, l’utilisation
des couleurs très tape-à-l’œil mais également au niveau des décors. Le
spectateur est totalement immergé dans cette époque, au même titre que le
protagoniste principal joué par James Franco. La parade dans laquelle défile le
Président Kennedy et sa femme à Dallas le 11 Novembre 1963 est, elle aussi, parfaitement
bien reconstituée. Chaque détail est fidèle à ce qui s’est réellement déroulé
ce jour-là. Ainsi donc, malgré le côté fantastique de la série, la fidélisation
à la réalité fait que le spectateur est pris dans l’histoire, parce qu’il y retrouve
des éléments familiers.
D’autre
part, j’ai pu noter que la série joue sur la réalité de l’époque avec la vision
qu’on en a aujourd’hui. On a tous en tête une vision de ce que les années 60 ou 70
ont pu être et on s’imagine certaines choses sur l’époque en question, relevant
simplement de l’imaginaire collectif. Eh bien ici, la série joue sur tout cela.
Il y a un véritable contraste entre ce que l’époque a pu être, et ce que l’on croit
qu’elle a été. Par exemple, à un moment donné Jake pense que toutes les
voitures n’étaient pas fermées à clés dans les années 60, et il va être surpris
de voir que ce n’est pas le cas du tout.
L’intérêt de la série réside aussi dans son scénario, qui
est double. Ce dernier est imprévisible et nous « offre » pas mal de
surprise avec l'intervention d'éléments inatendus. Généralement, un bon scénario est un scénario qui parvient à
jongler entre suspense et surprise, c’est le cas ici. Quelle est la différence
entre ces deux éléments ? Le suspense c’est quelque chose dont on sait que
cela va se produire sans savoir quand. Et la surprise est un élément
qui nous surprend.
L’utilisation du voyage dans le temps est vraiment
originale. On sait tous que le voyage temporel est un thème qui a été de très nombreuses fois abordées, que ce soit dans la littérature ou dans le cinéma, renouveler le genre n’est donc pas une tâche aisée. Mais King dans son livre (et
c’est ce qui nous est exposé dès le pilote) est très fort puisqu’il casse les codes
habituels de la thématique du voyage dans le temps : à chaque
voyage, Jake atterrit systématiquement le même jour à la même heure. A
chaque fois que Jake part dans le passé et qu’il revient, lorsqu’il y
retournera les compteurs sont remis à zéro. On ne connaît pas non plus les
répercussions des actes commis par Jake ce qui nous oblige à regarder la série
dans son intégralité pour connaître, à la fin, ce que les modifications apportées
auront changé dans le futur. Ce n’est pas comme dans Retour vers le futur par
exemple où une simple modification a des répercussions quasi-immédiate, comme
lorsque Marty empêche la rencontre de ses parents. Dans 22.11.63, on voit ce
que le personnage voit, on vit ce qu’il vit et nous l’accompagnons dans ces
agissements « à l’aveugle ».
Fait assez surprenant, on ne sait pas d’où
vient ce portail temporel ni les raisons de son existence et à vrai dire, on s’en
moque un peu puisque ce n’est pas le propos de la série.
La personnification du passé marque aussi un tournant par rapport à l'utilisation traditionnelle du voyage temporel. En effet, le passé ne veut pas être changé et se
défend, comme s’il possédait une conscience, une âme. Le suspense est maintenu
du début à la fin. Il est fort possible que les personnages puissent être tués
ou blessés par le passé qui se "protège". Rien n’est joué à l’avance et c’est là
que le scénario est vraiment très fort.
C’est une série qui possède une qualité constante au fil de
la saison. Elle se démarque des séries au format bancal où l'objectif est d'étirer
l'histoire sur plusieurs saisons. L’avantage c’est qu’elle peut se regarder d’une
traite, comme je l’ai moi-même fait. Le format court permet de développer
l'intrigue principale et secondaire, ne s'éternisant pas sur des sous-intrigues
absolument inutiles. Nous pouvons considérer 22.11.63 comme un film divisé en
plusieurs morceaux ce qui nous offre un développement plus ambitieux.
En plus de la thématique du voyage dans le temps, ce sont
les codes de la romance qui se voient également être bouleversés. Ce n’est pas
une histoire d’amour comme les autres, et là encore, le passé essaie d’intervenir.
L'histoire d'amour peut prendre "trop" d'importance de temps à autre
par rapport à l'intrigue principale mais elle juste, sincère et touchante
(notamment dans le final qui est magnifique).
En fin de compte, cette mini-série cherche à brouiller les
pistes, à jouer avec ce que l’on sait de la véritable Histoire, mais surtout
avec ce que l’on ignore. Tout se construit progressivement autour de l’idée que
Jake doit découvrir si Oswald est réellement le tueur, ce qui le pousse à
confronter ses propres erreurs.
Côté réalisation, je la trouve tout simplement excellente. Les plans de Kevin Mcdonald sont beaux et fluides. J’ai remarqué de nombreux
plans séquences plutôt agréables dans l’ensemble.
La photographie est très belle. Je pense par exemple aux différences
de couleurs selon les époques.
[SPOILER] Notamment sur la fin, quand il revient en 2016
et que tout a changé. Pour bien insister sur le fait qu'il s'agit d'un 2016
différent, les couleurs sont beaucoup plus sombres, très proches du noir et
blanc, offrant un côté apocalyptique. [FIN]
Le casting est irréprochable. Pour ma part, je n’ai jamais
vu James Franco aussi bon que dans cette série. C’est très rare d’ailleurs de
le voir incarner un (premier) rôle dans une série télévisée. Sarah Gadon joue un
personnage vraiment touchant, son interprétation de Sadie est incroyable. L’actrice
parvient à mêler l’innocence de son personnage avec sa bienveillance et sa
difficulté à « affronter » son ex-mari.
III. Conclusion
L'histoire pourrait paraître simpliste : Retour dans le
passé, assassinat de JFK... Détrompez-vous ! Toute l'extraordinaire ingéniosité
va se développer autour de questionnements sur la destinée, la possibilité de
changer le cours des événements, nos libres choix et leurs conséquences... Le
passé peut-il vraiment être modifié ? Veut-il être modifié ? A quel prix ? Voilà
le genre de questions que l’on peut se poser après avoir visionné cette série.
Personnellement, j’en avais vaguement entendu parler sans savoir vraiment de
quoi il s’agissait, je ne savais même pas que c’était adapté d’un bouquin. J’ai
regardé toute la saison d’un seul coup et j’ai littéralement été conquis.
22.11.63 se démarque de la plupart des productions actuelles et à mon sens, une
suite n’est absolument pas nécessaire. Quand je vois ce qui a été fait avec
Under the Dome j’ai très peur de ce qui pourrait advenir d’une éventuelle
deuxième saison. Cette histoire se suffit à elle-même. Bien que King ait annoncé
qu’il réfléchissait à une suite, j’espère qu’elle ne verra pas le jour, en tout
cas je ne suis pas du tout pour. Laissons cette histoire-là où elle s’est
arrêtée.
Que ce soit pour le côté thriller, le côté science-fiction
ou encore le côté historique, je vous invite, vous et votre curiosité, à vous
intéresser à cette magnifique production sérielle, qui mêle ingéniosité, imprévisibilité et suspense. Une série fabuleuse et pourtant si peu connue pour le
moment.
A bientôt sur Ciné-News ! (← en cliquant ici, vous retrouverez la page facebook dédiée à ce blog)
Alex
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