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mercredi 15 novembre 2017

Justice League : un potentiel bâclé



Note : 3/5

Après l'amorce du DCEU (DC Extended Universe) avec Man of Steel, la monstruosité qu'était Batman V Superman : Dawn of Justice, la grosse déception face à Suicide Squad et l'agréable surprise qu'a été Wonder Woman, il est évident que Warner a du mal à joindre les deux bouts pour concurrencer Marvel. Et il semblerait que la faute provient du studio lui-même. Je ne vous apprends rien en disant qu'un grand nombre de critiques faites à l'égard de Batman V Superman reprochait le manque de fluidité du montage (qui a été corrigé grâce à la version longue sortie quelques mois après) ; et je ne pense pas vous surprendre non plus si je vous dit que l'échec critique de Suicide Squad est également dû au même problème. Est-ce que Justice League, crossover hybride mis en scène par Zack Syder (aidé par Joss Whedon), déroge à la règle ? Malheureusement non. 

Après une jolie séquence filmée par un smartphone où l'on voit Superman discuter avec des jeunes en admiration, le métrage nous renvoie à la dure réalité : Superman est mortLa Terre a perdu son protecteur et une menace d'une ampleur inédite se profile à l'horizon. Steppenwolf débarque avec son armée de Paradémons et à l'intention de mettre la main sur les trois "boîtes-mères" - des sources de puissance infinie - cachées sur la planète. Bruce Wayne n'a pas d'autre choix que de former un groupe de super-héros, composé de Wonder Woman, Flash (comic relief de la bande), Cyborg et Aquaman. 

Un film beaucoup trop court malgré un bon rythme


Le souci majeur du film réside dans sa longueur, très loin d'être suffisante. Cela se ressent énormément au niveau du montage. Ce problème était amoindri dans Batman V Superman mais là, c'est beaucoup trop visible (sans être pire que Suicide Squad). Il serait grand temps que Warner arrête d’empiéter sur la vision des réalisateurs (bien que Joss Whedon n'ait pas été crédité en tant que tel au générique) car cela n'améliore clairement pas ces longs-métrages.  

En dépit de qualités indiscutables, la trop courte durée du blockbuster lui porte grandement préjudice. Joss Whedon a offert une bonne dynamique entre les différents protagonistes nous proposant ainsi une cohésion de groupe satisfaisante. Mais pourtant, les scènes se succèdent les unes des autres sans réelle logique empêchant donc de nous présenter posément chacun des héros que l'on découvre ici



Dans le même genre, là où la tension était palpable dans Batman V Superman, le danger menaçant la Terre dans ce Justice League n'est pas suffisamment bien retranscrit. L'écriture mal équilibrée associée au montage ardu ne laissent pas le temps au film héroïque d'exposer les enjeux. Tout va beaucoup trop vite. Tantôt grandiose, tantôt jouissif, cette oeuvre cinématographique laisse un goût d'inachevé avec un manque de fluidité dans la structure narrative parfois brouillonne



Plus fun et moins épique 


Ce que l'on retiendra principalement de Justice League est qu'il s'agit d'un film assez fun dans son ensemble. Rappelant son concurrent Marvel, cet aspect humoristique peut surprendre. Seulement, la différence est que la plaisanterie n'est pas aussi poussée que chez la Maison des Idées et attribue un peu plus de profondeur à certains personnages, notamment Batman. En ce qui concerne l'homme chauve-souris, son évolution est rationnelle. Le héros sans super-pouvoir a retrouvé foi en l'humanité, inspiré par Superman. Ainsi, le Bruce Wayne de cet opus est beaucoup moins sombre qu'il ne l'a été dans l'opus précédent (BvS). Flash est un excellent comic relief. Son interprète - Ezra Miller - sait doser son jeu et n'en fait pas des tonnes. En peu de séquences, le Barry Allen est vraiment bien traité sur le  plan émotionnel. Le changement de ton ne me dérange pas dans la mesure où ce dernier est cohérent avec l'optimisme laissé par le kryptonien le plus célèbre. 
L'humour ne désamorce aucune situation dramatique

D'autre part, l'aspect plus décontracté de Justice League rend les nouveaux personnages très sympathiques (je pense évidemment à Aquaman, incarné par l'impeccable Jason Momoa) même s'ils ne sont pas suffisamment développés. Cet argument est également valable pour Steppenwolf, sans surprise et trop creux pour en faire un antagoniste à la hauteur de cette réunion des super-héros DC   Pour ma part j'apprécie beaucoup Cyborg, un personnage complexe avec un background intéressant

Ce que la "Ligue des Justiciers" gagne en fun-attitude, il le perd dans son côté épique. En effet, les combats entre Superman et Zod [dans Man of Steel], ceux entre Batman et Superman [dans le métrage éponyme] ou encore, celui entre Wonder Woman et Arès [dans le film consacré à l'Amazone] sont beaucoup plus épiques que toutes les scènes d'actions présentent dans Justice League. Dès lors, toutes ces scènes ne sont absolument pas à la hauteur des pouvoirs de chacun des super-héros ; particulièrement lors du climax final (lui aussi beaucoup trop rapidement expédié). Exception faite à la scène d'introduction absolument grandiose de Wonder Woman, qui n'a jamais semblé aussi puissante et rapide

Les trois précédents opus du DCEU (je ne compte pas Suicide Squad) étaient armés d'effets spéciaux très efficaces voire un peu trop "jeu-vidéo" par moment, ce qui n'est pas le cas de Justice League. Les FX sont plutôt bons dans l'ensemble mais à mille lieux de ce que nous proposaient les œuvres antérieures. Pour un film de cet ampleur c'est assez surprenant. Preuve que Warner n'avait pas totalement confiance en ce Justice League, préférant limiter son budget... À ce propos, si la bouche d'Henry Cavill [Superman] vous paraît bizarre, ne soyez pas étonné : pour les besoins du tournage de Mission Impossible 6 (se déroulant en parallèle de ce film-ci) l'acteur devait porter une moustache qui a été effacée numériquement ici. Résultat assez mitigé puisque l'on perçoit l'artifice


Le retour du Messie 




L'événement tant-attendu de Justice League concerne bien sûr la résurrection de Superman (tu croyais sérieusement qu'il était mort ?!). Alors honnêtement son retour est sensationnel, nous procurant l'une des meilleures scènes du film. Sa "renaissance" est faite de la plus belle des manières. Je ne pouvais espérer mieux. 
C'est plutôt son temps de présence à l'écran qui m'a déçu. Malgré le fait que Superman occupe un rôle essentiel, son retour se résume qu'à une vingtaine de minutes puisqu'on ne le retrouve ensuite qu'à la fin, lors du combat final. 

Soyez rassuré, l'arrivée de Superman dans l'équipe permet un bon équilibre entre les membres de la Ligue. Le fils de Krypton forme un assez bon duo avec Flash (voyez la première scène post-générique !!!!). 

Une oeuvre inachevée 


Pas si génial qu'espéré mais pas aussi horrible que supposé par ses détracteurs, Justice League est plutôt réussi sans forcément correspondre à nos attentes. On aurait pu s'attendre à beaucoup mieux pour la réunification des héros DC, voulu comme étant le concurrent direct de The Avengers
Après la réussite de Batman V Superman, Justice League peine à hausser le niveau sans pour autant être raté. Warner va devoir se remettre en question en envisageant de laisser pleinement s'exprimer les cinéastes aux commandes. C'est le troisième film du DCEU où le manque de fluidité du montage se fait ressentir et il serait peut-être temps pour le studio de réagir.

À noter que la bande originale est largement moins marquante qu'à l'accoutumée ; les reprises d'anciens thèmes se remarquent à peine et les partitions de Superman sont peu présentes. Pour le reste, la photographie est soignée et le film comporte de très beaux plans. Je pense par exemple à celui où Bruce Wayne regarde le port pour aller y chercher Aquaman. 

Maintenant laissons place aux films solo (notamment Aquaman) prendre des risques créatifs pour remettre l'univers cinématographique DC sur les rails, à l'instar de Wonder Woman

C'est dommage car il aurait simplement manqué une vingtaine de minutes qui aurait suffi à rendre le film meilleur avec un montage moins abrupt (surtout au début). En fin de compte, il s'agit d'un long-métrage inférieur à Man of Steel et Batman V Superman alors que son potentiel était présent. Décevant sur certains aspects, cet opus n'est pourtant pas raté. Et je pense que Justice League mérite que vous lui donniez sa chance.

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Alex 

lundi 13 novembre 2017

Stranger Things 2 : Une saison cinématographiquement ambitieuse


Note : 5/5

Si vous lisez ces lignes c’est que vous avez certainement vu mon teaser sorti il y a quelques jours annonçant l’arrivée de cet article (ou alors, vous êtes là par curiosité et si c’est le cas, restez !).
Stranger Things des frères Duffer est de retour ! La pépite de Netflix qui a été révélée au grand public durant l’été 2016 a fait son come-back le 27 octobre. Neuf épisodes pour séduire, convaincre et reproduire le « miracle » de la première saison, devenu très rapidement un phénomène incontournable de l’année passée. Que vaut la saison 2 de Stranger Things, notamment portée par David Harbour, Winona Ryder, Millie Bobby Brown, Finn Wolfhard, Natalia Dyer ou encore Joe Kerry ? Soyez rassurés, Stranger Things 2 est une excellente surprise, prouvant que la série n’est pas qu’un simple phénomène.
Je tiens tout d’abord à m’excuser sur mes craintes quant à cette deuxième saison (que j’avais exprimé lors de ma critique sur la saison une). J’avais écrit à l’époque avoir peur que le mystère sur l’Upside Down ne vole en éclat en essayant de lui trouver une explication rationnelle. Heureusement je me trompais, le mystère est toujours entretenu. Les Duffer Brother n’ont pas opté pour la solution de facilité quant à cette suite, ce qui est plutôt rassurant.
Après un démarrage très séduisant, je vous propose un bilan de cette deuxième saison, largement à la hauteur de nos attentes.
Attention, spoilers ! 

Résumé rapide 




Piqûre de rappel : Stranger Things c’est l’histoire d’une ville – Hawkins – dans l’Indiana. Tout commence le soir de l’année 1983 lorsque le jeune Will Byers, 12 ans, disparaît brusquement sans laisser de traces. Plusieurs personnages vont alors tenter de le retrouver : sa mère Joyce, ses amis menés par Mike Wheeler et guidés par la mystérieuse Eleven, ainsi que le chef de la police Jim Hopper. Parallèlement, la ville est le théâtre de phénomènes surnaturels liés au Laboratoire national d'Hawkins, géré par le département de l'Énergie et dont les expériences dans le cadre du projet MKULTRA ne semblent pas étrangères à la disparition de Will.
Tout au long de la première saison, on y apprend qu’au cours d’une expérience ayant eu lieu dans le Laboratoire d’Hawkins, la jeune Eleven aurait – involontairement – ouvert un portail vers l’Upside Down (Le Monde à l’Envers), sorte d’univers parallèle d’où surgit le Demogorgon, le monstre qui a enlevé Will. Heureusement, tout fini bien (enfin presque). Eleven se sacrifie pour tuer le Demogorgon et Will est retrouvé.
Stranger Things 2 prend place un an après, en 1984. Un an s’est écoulé depuis l'attaque du Demogorgon et la disparition d'Eleven. Will Byers a des visions de l’Upside Down et de son maître, une créature gigantesque et tentaculaire qu’on appellera le Shadow Monster. Plusieurs signes indiquent que les monstres vont franchir le portail et revenir sur la ville…

Toujours plus grand, toujours plus fort


L’élément le plus frappant de cette suite est qu’elle est beaucoup plus cinématographique dans tous les sens du terme. Comme pour un grand nombre de production sérielle ou filmique, les Duffer Brother ont adopté la logique du « toujours plus grand, toujours plus fort ». Le sentiment d'urgence qui résulte des enjeux de cette saison et la manière dont sont articulés les différents personnages tendent vers ce sommet du cinéma d'action et de science-fiction à la mécanique impeccable. Les références aux années 80 se multiplient davantage mais la référence majeure de cette saison est sans aucun doute Aliens de James Cameron. Là où l’inspiration est flagrante c’est dans la croissance des « demodogs » (déjà introduit par l’espèce de limace venant de l’Upside Down que crache Will dans son lavabo en fin de saison une). 



La menace du Demogorgon dans la première saison était très dangereuse mais les enjeux de cette suite sont beaucoup plus sombres et plus impactant. Cette fois-ci, les héros vont devoir affronter un Shadow Monster (monstre de l’ombre) qui semble régner sur l’intégralité de l’Upside Down tout en parvenant à communiquer par l’intermédiaire de Will, qui n’en a donc pas fini avec Le Monde à l’Envers.

Les scénaristes et créateurs de la série suivent la logique de la première saison, à savoir proposer des épisodes au rythme assez lent qui, petit à petit, vont vite s’effrénés. Là encore, la saison évolue à crescendo. L’avantage ici est que les personnages sont connus du public. Ils n’ont pas besoin d’être présentés (mis à part les petits nouveaux). Cela permet à l’histoire de démarrer plus rapidement.

On notera la disparition de l'aspect horrifique de la première saison ce qui n’est pas sans déplaire. Evidemment, il s’agissait d’un point plus que positif dans Stranger Things car le dosage entre surprise et suspense était parfait. Mais ici les enjeux sont différents et nous avons connaissance de l’Upside Down. L’horreur est toujours présente mais elle est amoindri dans cette saison 2. 

Stranger Things 2 marquera surtout pour son identité visuelle. Les couleurs utilisées offrent quelque chose d’unique à cette œuvre sérielle. On l’identifie très rapidement en tant que telle. Alors peut-être est-ce parce que je n’ai pas revu la première saison depuis sa sortie l’an dernier, mais je n’ai pas le souvenir d’un coloris aussi réussi. Généralement au cinéma, l’utilisation des couleurs n’est pas anodine. Elles sont vectrices d’émotions et d’informations.  Les couleurs servent énormément lors de la création d’affiches de films, notamment pour que l’imaginaire et les sentiments du consommateur soient directement tournés vers la bonne information et donc du bon style de film. Et vous aurez noté que l’affiche de Stranger Things 2 tire énormément vers le rouge/orangé et un bleuâtre – plus proche du violet que du bleu. Avec cette affiche nous avions déjà quelques indices sur la saison en elle-même : 

- Le rouge/orange est plutôt terre à terre ayant pour signification l’optimisme et l’ouverture d’esprit souvent par la communication et la créativité. C’est pour cela qu’on retrouve la couleur orange dans les scènes concernant la jeunesse. Mais l’utilisation du rouge vise à apporter un aspect assez contradictoire car elle signifie (selon la situation) des émotions radicalement opposées. Le rouge c’est la signification de l’amour et de la colère, du courage et du danger… Ces paradoxes traduisent une couleur énergétique, pénétrante et passionnante.
- Le bleu/violet n’est pas une couleur innocente. Ces couleurs sont souvent significatifs pour deux univers particuliers : l’érotisme et le fantastique/fantaisie. Et on notera que ces deux univers sont présents dans la série.

L’affiche n’était pas trompeuse puisque l’on retrouve cette même gamme de couleurs tout au long de cette saison. Les couleurs utilisées correspondent parfaitement à l’univers fantastique de la série, tout en lui offrant une identité visuelle qui lui est propre

La photographie est dans la continuité de la première saison : on y perçoit un grain rendant la teinte utilisée fidèle aux films des années 80. Quant à la technique, j’ai relevé de très beaux plans notamment un travelling mémorable dans le « Chapitre 4 : Will le Sage » lorsque Mike, Joyce, Max, Dustin et Lucas sont face à Will.
Les décors et costumes sont parfaits. Je n’ai pas vécu dans ces années-là, mais pour avoir vu des tonnes de films se déroulant à cet époque je dois bien admettre que le tout est vraiment fidèle… jusqu’à la coupe « mulet » de Steve et Billy.

Plus de monstres, plus de chaos


Qui dit enjeux plus sombres et spectaculaires dit forcément plus de monstres pour plus de dégâts. Et pour cause, l’immense et mystérieuse créature aux tentacules, cachée dans un nuage rougeoyant au cœur de la promo, n'est que la partie émergée de la mythologie qui s'étend dans cette deuxième saison.

Ceci est notable dans une séquence où tout un groupe soldats armés de lance-flammes descend dans l'Upside Down, avant d'être massacrés sous les yeux de personnages impuissants qui observent la boucherie depuis une « salle de contrôle » sur un vieil écran. Le Demogorgon de la première saison donne lieu ici à une tripotée de « demodogs », certes moins effrayants et plus ordinaires mais offrant néanmoins d’excellentes scènes. Ma favorite étant celle de la casse alors que Steve, Lucas, Dustin, Mike et Max s’apprêtent à affronter un « demodog », avant de se rendre compte qu’il y en a toute une armée. L'effet de ces monstres est redoutable tandis que Hawkins devient le théâtre spectaculaire d'un joyeux chaos.



Le public était exalté après la saison 1 et il aura encore plus de raison de frissonner avec la deuxième. Croyez-moi. Cette fois-ci, la série fait place à davantage de scientifiques, de créatures et d’hémoglobine. Si certains y voient une facilité et une paresse, à mes yeux il y a surtout une générosité très séduisante qui se manifeste à l'écran. Que la mise en scène soit plus solide, avec nettement plus de maîtrise dans le rythme et la narration, contribue à rendre la chose plus jubilatoire.

The Stranger Crew




L’évolution des personnages est faramineuse. Les créateurs du show ont vu les choses en grand et n’ont pas hésité à faire avancer les différents protagonistes. On soulignera la surprise de l’évolution de Steve Harrington. Ce dernier passe d’antagoniste détestable à « babysitter » héroïque et touchant. Je vous le dis tout de suite, Harrington est sans le moindre doute mon personnage préféré sur toute cette deuxième saison.

Ainsi, plusieurs duos se forment. Le plus surprenant est celui de Dustin et Steve. Une bromance – intéressante d’un point de vue scénaristique – s’installe entre eux et c’est très plaisant à voir. Il aurait paru inconcevable d’imaginer que ces deux-là pourraient devenir amis. Pourtant, malgré leur différence, ils traversent tous les deux la même chose et c’est cela qui les rapproche. Dustin est attiré par Maxine (Mad Max) qui semble préférer son ami Lucas tandis que Steve s’est fait jeter par Nancy (qui a – j’en suis sûr – toujours des sentiments pour lui). Dustin va demander conseil à Steve et petit à petit, une amitié improbable naît. Gaten Matarazzo (Dustin) et Joe Keery (Steve) sont géniaux et occupent une place plus centrale.  Toujours dans les duos qui se constituent, l’on y retrouve Max et Lucas. Les deux semblant éprouver des sentiments l’un pour l’autre. Après la brève histoire entre Mike et Eleven en saison une, il est sympathique de voir une deuxième histoire d’amour se développer. Will et Mike deviennent plus proche que jamais puisque ces deux-là se comprennent. Tout le monde considère Will comme étant un garçon malade. Le jeune garçon a du mal à retrouver sa place dans la bande mais seul Mike parvient à réellement le comprendre puisque lui-même n’est plus comme avant depuis la mésaventure de l’an passé. La disparition d’Eleven face au Demogorgon ne l’a pas laissé indemne. 

Mais pour ma part, le duo le plus fascinant est celui de Hopper et Eleven. Notre bon vieux flic de la ville que tout le monde trouvait bizarre de temps à autre se transforme en bon petit papa pour Eleven, qu’il garde caché dans sa cabane pour lui assurer sa sécurité. Ce duo est absolument génial. Cela nous permet de découvrir d’autres facettes de ces deux protagonistes que l’on apprécie davantage.

L'arc de Dustin et Dart est vraiment intrigante. L’idée est intéressante, bien développée et offre une jolie scène lors du climax final.

La team de la première saison accueille de nouveaux personnages sympathique mais pas nécessairement utile à l’histoire. C’est pour moi l’une des faiblesses de cette suite.
Stranger Things 2 souhaite la bienvenue à Billy et Maxine – surnommée Mad Max –, deux frères et sœurs venant d’emménager à Hawkins. S’ils sont plutôt bien développés, Billy et Max occupent deux rôles relativement mineurs. 

Billy n’est là qu’en tant qu’antagoniste humain visant à barrer la route aux héros, de la même façon que Steve l’était dans la saison 1. J’ai énormément apprécié son développement, particulièrement la révélation sur d’où provient sa violence, mais il ne sert à rien d’autre hormis être méchant. Même chose pour Max que j’aime beaucoup (Sadie Sink nous livre une interprétation majestueuse) mais sa présence est simplement justifiée pour amener un peu de contradictions parmi les garçons, en provoquant quelques tensions entre Dustin et Lucas, tous deux charmés par elle.

Cette suite voit l’arrivée de Sean Austin alias « Bob Newby, superhero » : l’un des personnages les plus attachants. Mais lui aussi n’est qu’un accessoire. C’est un simple faire-valoir au personnage de Joyce. Sa présence est très plaisante et permet toutefois un troisième triangle amoureux entre Bob, Jim et Joyce.

Le petit groupe va être tourmenter par le triangle amoureux entre Dustin, Lucas et Max que je trouve très bien géré. L’aspect sentimental n’est pas fleur bleue ni déplaisant. Personnellement, cela apporte une touche supplémentaire à nos personnages. D’autant plus qu’il s’agit d’un élément scénaristique assez logique : les membres du Club Audiovisuel entrent petit à petit dans l’adolescence, âge où les premiers émois amoureux font surface. 

Notre chère Millie Bobby Brown est toujours aussi parfaite dans son interprétation. Son personnage aussi évolue de manière considérable et le jeu d’actrice de la comédienne rend Eleven vraiment émouvante. Par contre, Noah Schnapp (Will Byers) vole clairement la vedette à Millie Bobby Brown en ce qui concerne l’aspect interprétatif. Will est LE personnage phare de cette deuxième saison et j’ai été vraiment époustouflé par le jeu d’acteur du comédien âgé de seulement 13 ans. Will Byers est sans aucun doute le personnage incontournable de Stranger Things 2



La grosse réussite des créateurs, c’est d’être parvenu à retenir aussi longtemps les retrouvailles entre Eleven et les héros. C’est une manière adroite de gérer les attentes et l'aura de ce personnage précieux. Son retour offre finalement une belle scène, portée par une réelle émotion grâce à Finn Wolfhard et Millie Bobby Brown, qui sont impeccables. Maintenir un suspense aussi long rend possible le processus de fidélisation : on attend les retrouvailles avec impatience, ce qui nous oblige à regarder tous les épisodes.
Bien sûr, la deuxième saison de Stranger Things est servie par des scénarios de qualités qui donnent de nouvelles dimensions à leurs personnages, Gaten Matarazzo, Caleb McLaughlin et Noah Schnapp confirment tout leur talent. 

Lorsque le climax voit les héros séparés face à trois menaces, d'une séance d'exorcisme à une confrontation spectaculaire à la créature de l'Upside Down, Stranger Things réaffirme que la petite magie à l'œuvre est intacte. L'épilogue, parfait mélange de niaiserie irrésistible et de suspense alléchant, le rappelle à nouveau.


Inspiration des années 80 et de l’univers des super-héros ?


Les références aux années 80 sont perceptibles dès la première saison. Ici, nous avons pu en relever certaines d’entre elles dont SOS Fantôme ou encore Terminator. Pourtant, on remarque également une référence fondamentale à l’univers des super-héros : l’introduction de Kali, la sœur de Eleven. C’est elle qui ouvre le prologue de la saison puis nous la retrouvons ensuite dans le « Chapitre 7 » lors d'un épisode particulier, centré sur Millie Bobby Brown loin de Hawkins - et stratégiquement placé pour nourrir le suspense avant la dernière ligne droite. Kali est une autre enfant dotée de pouvoirs qu'Eleven a rencontré plus jeune dans le laboratoire. 
Le rythme global de la saison est un peu altéré avec l’épisode centré sur elles mais celui-ci annonce que les frères Duffer comptent bel et bien élargir leurs horizons puisque Kali a des pouvoirs très différents d'Eleven - de quoi s'attendre à beaucoup d'autres « mutants » étonnants par la suite. Faisant un parallèle avec la saga X-Men, Stranger Things pose les premières pierres de quelque chose de plus grand encore, avec un cadre condamné à aller au-delà de Hawkins et ses habitants.

Quid de la suite ? 


La fin de la saison annonce de très belles choses pour la suite : le Shadow Monster connaît l'existence de Elfe... Peut-être voudra-t-il prendre possession d’elle ? Je parie tout ce que vous voulez que c’est elle que le « Flagelleur Mental » observe à la fin.

Autant la fin de la première saison annonçait très clairement la suite, autant ici on ne sait pas grand-chose de ce qu’il pourrait advenir malgré un léger indice montrant que nous n'en avons pas fini avec l’Upside Down. Je trouve ça cool de la part des frères Duffer qu'ils ne se soient pas enfermés dans un système qui avait fonctionné. Cela prouve qu’ils ne se sont pas reposés sur les leurs lauriers, chose que je craignais qu’ils fassent. Me voilà donc rassuré.

Ce que l’on sait de la saison 3 c’est qu’elle prendra place quelques années après la fin de celle-ci. Ceci est tout à fait logique dans le sens où les comédiens grandissent très vite. Il est impossible de pouvoir faire une suite directe tant le casting aura changé d’ici là. Pour ce qui est de l’histoire, nous ne pouvons qu’énumérer des théories. Mais je suis sûr que les frères Duffer nous concocterons quelque chose d’aussi imprévisible que cette saison 2.

Critique en bref 




Il est indéniable que cette saison 2 clos un chapitre, resté inachevé à la fin de la première saison. Désormais le laboratoire et le portail sont fermés ; le groupe est reformé ; Barb a été vengée grâce à Nancy et Jonathan ; Mike, Will, Joyce et Jim ont trouvé une forme de paix avec la folie de ce petit monde et le plus important, Eleven a trouvé sa véritable identité et a un vrai prénom (oui bon parce que Eleven ça craint un peu à force…).

On aurait pu croire que la pression engendrée (quant au succès de Stranger Things l’an dernier) deviendrait destructrice pour les créateurs de la série. Il n’en est rien. Stranger Things 2 maintient le cap, sans se trahir ni se perdre en prodiguant une énergie considérable pour satisfaire le public, sans abîmer ses personnages et son univers.

On compare souvent cette série à l’univers de Spielberg ou, bien souvent, à celui de Stephen King et il est vrai que Stranger Things 2 s’approche à grand pas de la profondeur des œuvres des deux artistes cités. Les frères Duffer continuent de tracer leurs routes en développant un univers qui – bien que multipliant de nombreuses références aux années 80 – marque par son unicité.

Que ce soit en termes d’enjeux, de développement des personnages ou des risques qui ont été pris, la saison 2 de Stranger Things est supérieure à bien des égards à sa grande sœur.
La dernière image de cette deuxième saison donnera une seule envie : réembarquer à nouveau avec les mômes pour une nouvelle aventure.

PS : Ma note n’est pas totalement objective mais ayant mis un 4,9/5 à la première saison, je ne pouvais pas mettre une note inférieure tant cette saison est supérieure à bien des égards. 

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Alex