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dimanche 3 juin 2018

Connais-tu ? #7 : The Island


Note : 3/5

Bonjour à tous, ravi de vous retrouver pour un nouvel article made in Ciné-News ! Ça faisait longtemps, très longtemps, que je n’avais pas proposé de numéro consacré à cette rubrique. De plus, il me semble que je vous avais promis il y a des mois et des mois de cela, de dédier un article sur cette œuvre de Michael Bay – The Island – sorti en 2005.

Comme dans la plupart de mes articles dévoués à cette rubrique, j’aborderai certains détails autour du film et de sa production, mes attentes envers ce long-métrage, ce que j’en ai pensé et enfin la thématique dont il est question au sein de cette œuvre cinématographique.

I. Autour du film 


Le script a été écrit par Caspian Tredwell-OwenAlex Kurtzman et Roberto OrciC'est un thriller contemporain dans la mesure où, d'après Caspian Tredwell-Owen, "le clonage humain va arriver, c'est inévitable (...) quelqu'un va le faire, légalement ou illlégalement, c'est juste une question de se lancer...". Le plus original est que nous découvrons les méfaits du clonage humain non pas des yeux d'un scientifique extérieur au phénomène mais du point de vue des clones eux-mêmesAlex Kurtzman soutient que c'est ce qui fait l'efficacité du scénario : "Nous sentions très fortement que les révélations devaient être faites à travers les yeux de Lincoln car le public se sentirait aussitôt proche de lui...". En soit, les scénaristes n’avaient pas réellement tort. Nous n’avons jamais été aussi proche du clonage humain qu’aujourd’hui. De ce fait, l’intrigue de ce long-métrage prend un tout autre sens aujourd’hui – du moins, cela a été le cas pour ma part lors de son visionnage.

Il faut également noter que le cinéaste – Michael Bay – a été plutôt exigeant sur le tournage. En effet, ses acteurs ont dû s'investir tant moralement que physiquement dans ce film d'action. Concernant Scarlett Johansson, l'héroïne du film, elle a souffert de son manque de condition physique sur le tournage. En effet, elle dû se faire poser des attelles aux tibias après des scènes de courses-poursuites et souffrait terriblement du genou. "Plus fatiguant que La Jeune fille à la perle" a-t-elle déclaré au magazine britannique Empire. De plus, l'actrice s'est fait retirer les amygdales juste avant le tournage et raconte à ce propos : "(...)le bureau de Michael Bay m'appelait tous les jours pour savoir quand j'allais me rendre à la salle de sport...". Pour Ewan McGregor, la difficulté fut d'opérer un pseudo dédoublement de personnalité. D'une part, il a joué le rôle de Lincoln Six-Echo élevé dans une société confinée, à l'accent américain et d'autre part, celui de Tom Lincoln, son clone, auquel il a voulu donner un accent écossais. D'après Michael Bay, l'acteur a beaucoup travaillé pour les distinguer. De son côté, Michael Clarke Duncan (Starkweather) avait déjà travaillé avec Michael Bay sur Armageddon et ce dernier, malgré son petit rôle dans The Island ne lui a pas épargné certaines souffrances : "Je l'ai fait courir, je l'ai fait pleurer, je lui ai demandé de rester harnaché à une table pendant 8 heures, jusqu'à ce qu'il dise, tu as une dernière prise et moi de lui répondre aller Mike, donne m'en 5 de plus! J'adore le torturer!"
Cependant, pour certains comme Steve Buscemi (McCord, l'allié de Lincoln Six-Echo), "c'est génial de travailler avec lui car il propose des choses à la dernière minute ou demande d'improviser quelque chose à chaud. Nous respectons toujours le script mais sans avoir peur de la nouveauté, donc on ne sait jamais à quoi s'attendre."

Enfin, à propos du métrage, sachez qu’Ewan McGregor joue le rôle de Lincoln Six-Echo, ce qui change considérablement du type de rôle auquel il est habitué. Pour lui, The Island "est un gros film d'action américain mais avec quelque chose de plus profond, ce qui n'est pas toujours le cas (...) Je pensais que l'exploration du clonage humain poussé à l'extrême était intéressante pour le film mais aussi au-delà et c'est le type de rôle que je n'avais encore jamais fait.". Scarlett Johansson, quant à elle, interprète Jordan Two-Delta, l'amie fidèle de Lincoln. En lisant le script, l'actrice a été séduite par leur relation : "Ils ne connaissent rien à l'intimité et à la sexualité. Ils sont complètement naïfs car ils ont vécu dans une espèce de bulle de plastique sans connaissance du monde extérieur. C'est une magnifique histoire d'amour d'une certaine façon (...)". En plus, elle était très excitée de travailler avec Ewan McGregor et Michael BayIl est vrai, la naïveté des personnages les rend vraiment attachant. Mais nous reviendrons sur ce sujet un peu plus bas.



II. Synopsis



D’ici quelques décennies…

Lincoln Six-Echo et sa camarade Jordan Two-Delta font partie des centaines de Produits d’une immense colonie souterraine où la vie est étroitement surveillée et régie par des codes très stricts. Le seul espoir d’échapper à cet univers stérile est d’être sélectionné pour un transfert sur “l’Île”. A en croire les dirigeants de la colonie, l’Île serait le dernier territoire à avoir échappé à la catastrophe écologique qui ravagea notre planète quelques années auparavant et en rendit l’atmosphère à jamais irrespirable…

Lincoln, comme la totalité de ses congénères, a longtemps cru à ce paradis. Mais depuis quelque temps, des cauchemars récurrents troublent ses nuits, et le jeune homme commence à s’interroger sur le sens de sa vie et les restrictions faites à sa liberté.
Poussé par une curiosité tenace, Lincoln découvre bientôt l’atroce vérité…


III. Avant de voir le film : mes attentes 




Alors personnellement, j’ai découvert ce film il n’y a pas si longtemps que ça, grâce à Netflix. Je dois dire que j’ai tout d’abord été attiré par la casting. Il s’avère que Scarlett Johansson et Ewan McGregor sont deux acteurs que j’apprécie énormément. J’ai d’ailleurs été surpris de les voir réuni à l’écran. Il faut dire que ce duo semble totalement improbable sur le papier.

Le synopsis m’a également interpellé. Il possède un côté mystérieux et attirant à la fois. On ne comprend pas forcément qu’il s’agit de clonage dès le départ bien que des doutes puissent subsister. De toute manière, on le comprend très vite dès lors que le protagoniste principal commence à découvrir la mise en scène qui se cache derrière “l’Île”. Bon après, sachant que Michael Bay est derrière la caméra, je savais à peu près à quel genre de film m’attendre. Bay est le spécialiste de l’action (et est très fort pour ce genre de divertissement, notamment pour la mise en scène et la chorégraphie des scènes d’action). J’espérais donc m’attendre à un bon divertissement, saupoudré d’action et de philosophie en vue de la notion (du vivant) abordée tout au long du métrage.



Verdict ?


IV.  Avis général 



Prenez un thème d’actualité : le clonage. Poussez-le à l’extrême : jusqu’à la réalisation parfaite d’un homme et de sa conscience. Vous avez là toute l’originalité du film The Island. Le reste n’apprendra rien aux amateurs de science-fiction. Le thème d’une société-écran n’est pas sans nous rappeler 1984 de Georges Orwell, le tout modernisé pour l’esthétique, c’est-à-dire blanc, propre et contrôlé.


Un début très prometteur et énigmatique ! Toute la première partie se consacre essentiellement à installer l’ambiance voulue de l’immense colonie souterraine dont sont membres Lincoln Six-Echo et Jordan Two-Delta. L’atmosphère y est aseptisée, cadrée, et continuellement surveillée. Rien de bien nouveau, mais la beauté des images et le travail non-négligeable opéré sur l’esthétique nous accroche bien. Je dirai que le début (sans savoir encore qu'on parle de clones) m’a interpellé puisqu’il représente quelque chose qui me révolte au plus haut point : un futur proche ou nous serions tous des numéros, l'uniformité, les interdictions édictées par des "puissants", l'interdiction des sentiments, le conformisme basique…
Dommage que la seconde partie du film soit un peu plus fade. En effet, passé la construction rapide de l’intrigue (qui, au final, se dévoile trop rapidement et trop facilement), la suite n’est qu’une succession d’explosions entrecoupées de morceaux d’histoires. L'idée de départ était plutôt captivante mais la suite déçoit. Ce film possédait un énorme potentiel en plus de garder une part de mystère. Le fait que l’intrigue se dévoile bien trop facilement enlève tout le charme de The Island. Une fois que l’on a compris ce qui se passe réellement, on décroche un peu. 

On reconnaît la pâte de Michael Bay notamment pour ce qui est des scènes d'actions qui sont de très grande qualité.  La scène de course poursuite sur l’autoroute avec les altères est par exemple de toute beauté. Et pour cause, le réalisateur n’a pas lésiné sur les moyens : les scènes d’action ont été tournées entre les déserts de Californie, du Nevada, et Détroit. Pour les scènes en mer, a été utilisé un WallyPower 118, petit yacht valant la modique somme de 25 millions dollars. Plus raisonnable, la Cadillac (la voiture de Tom Lincoln) n’a coûté que 7 millions de dollars. Un budget de conséquence donc, que les acteurs devaient assumer : Michael Bay a exigé d’eux un engagement physique important.
Résultat : ils courent, sautent, crient, tombent, se relèvent, re-courent… Les scènes d’actions s’enchaînent pour notre plus grande joie, plus aberrantes les unes que les autres. On s’émerveille toujours de la chance incroyable dont bénéficie nos deux clones, que rien, pas même un hélicoptère, ne pourra arrêter. Une chute du haut d’un building ? Aucun problème… Mettez un filet. Nous sommes d’accord pour dire que beaucoup d'événements s’enchaînent sans d’énormes explications, ce qui rend les choses très peu crédibles au final. Pourtant, on prend un certain plaisir devant ces images.

Globalement, le scénario est plutôt attrayant. La fuite de deux clones en quête d'identité, prenant conscience qu'on leur a menti depuis leur "naissance" ; la thématique est intéressante.  Il y a beaucoup à dire dessus, en particulier d'un point de vue éthique et philosophique (chose que nous allons traiter dans quelques instants).

Le duo principal, Ewan McGregor et Scarlett Johansson fonctionne à merveille. Sur le papier le duo semble improbable – comme j’ai pu l’évoquer précédemment –  mais il est indéniable que les deux acolytes partagent une flagrante alchimie. J'ai été agréablement surpris de retrouver Scarlett Johansson au casting de ce film de SF.  Sans pour autant avoir un rôle profond, elle parvient à alterner les scènes physiques et celles un peu plus dans l’émotion avec beaucoup de facilité. Je l'ai beaucoup apprécié dans ce rôle !

Nous devons toutefois accorder au film des scènes de double (Tom Lincoln alias Ewan McGregor face à Lincoln Six-Echo alias Ewan McGregor aussi) remarquablement réussies.

Finalement, je reprocherai surtout au film son happy-end – bien trop évident et peu original – où même le plus méchant des vilains aide les gentils clones. 


V. La question du clonage vivant



Comme vous l’avez certainement compris (ou comme vu avez pu le voir si vous avez déjà regardé ce film), le métrage commence dans un univers souterrain de science-fiction. A l'extérieur, le monde est censé être empoisonné, sauf une mystérieuse "Île". Lincoln Six-Echo, notre héros, est résident d'une sorte d'établissement ultra-moderne, ordonné de manière très stricte. Ce qui interroge très vite le héros qui se pose des questions sur le sens véritable de son existence et la liberté qui lui est laissé. Comme tous les habitants de cet univers clos, il espère enfin être élu pour sortir et aller sur "l'Île". Il découvre un jour, dans les conduits, un papillon vivant, alors qu'il ne devrait pas y avoir de vie à l'extérieur. Les questions qu'il se posait s'amplifient et se précisent. Il y a bel et bien de la vie dehors. Pourquoi lui a-t-on menti ? A quoi rime cette existence très ordonnée dans la cité où tout le monde porte le même survêtement et où tout est sous contrôle ?

Nous finissons alors par comprendre que tous les habitants de cet étrange établissement sont en réalité des clones parfaits d'hommes et de femmes riches qui peuvent ainsi s'offrir des organes de rechange, en cas de maladie ou d'accident. Par exemple, un joueur de base-ball alcoolique, pourra avoir un foie neuf parfaitement compatible en faisant transplanter celui de son clone sur son propre corps. Dans le film, "l'Homme" est celui qui vit dans le monde ordinaire, l'autre, le clone, n'est pas considéré comme "humain". Le docteur Merrick – le fondateur de cette clinique – vend des organes en disant aux clients que ces corps restent à l'état végétatif et ne sont pas conscients. C'est ce qu'il dit, mais en réalité, il s'est heurté à des problèmes de développement qui l'ont obligé à faire vivre normalement les "clones". Ceux-ci sont conditionnés depuis le début, ils n'ont pas de souvenirs ni d'enfance et pas de sexualité. En somme, ils sont bloqués à 15 ans d'âge mental.
Le film va bien sûr nous amener vers la rencontre entre le clone et l'original et c'est là que tout est dévoilé. Le désir de survie fait que pourtant l'original de Lincoln va tenter de faire capturer son double, sa "police d'assurance", au lieu de l'aider à révéler à toute la presse l'existence de cette machination. Concernant le happy-end dont il était question un peu plus haut, il est – malgré tout – justifiable du fait que le chasseur de prime qui traque Lincoln et Jordan est un noir qui a connu le sens de l'esclavage. Ce dernier va donc retourner sa veste en comprenant que ces milliers de clones ne sont rien d'autre que des esclaves à qui on nie toute humanité et que l'on va exterminer parce qu'ils ont pris conscience d'eux-mêmes.



Le mérite de la thématique de ce film est de bien poser le problème de la culture des cellules, vers une dérive parfaitement prévisible. A partir du moment où le clone est produit, il est un être humain comme un autre. Mais a-t-on le droit de faire ce que la nature ne produit jamais, une reproduction à l’identique ? Faut-il encourager cette tendance à perfectionner le corps par des pièces de rechange ? On risque d'abord le trafic d'organe et ensuite, on dérive vers The Island et pour le bénéfice de qui ? des riches seulement. 

Bien sûr, la notion du vivant telle qu’elle est abordée ici n’est pas nouvelle dans la science-fiction, d’autant plus que Bay l’aborde de manière très manichéenne mais qu’importe, le réalisateur a tout de même eu l’audace de traiter de cet aspect et force est de constater qu’il ne s’en sort pas mal du tout.


VI. La réception presse/public


Pour un budget de 120 000 000 $, le film rapporte 162 949 000 $ au box-office mondial en réalisant 1 556 590 entrées. 

The Island est donc considéré comme un semi-échec commercial et reçoit un accueil plutôt mitigé dans l’ensemble recueillant 40 % de critiques positives, avec une note moyenne de 5,4/10 et sur la base de 192 critiques collectées, sur le site agrégateur de critiques Rotten Tomatoes. Sur Metacritic, il obtient un score de 50/100 sur la base de 38 critiques collectées.

En revanche, côté positif, le film a été nommé pour le Saturn Award du meilleur film de science-fiction en 2006.

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Bien que je sois resté un peu sur ma faim, ce film est très agréable à regarder grâce à l'esthétique incroyablement bien maîtrisée (Michael Bay est très bon pour ça) mais aussi grâce aux acteurs principaux qui incarnent des personnages attachants et quelque peu naïfs. On passe un bon moment et l’on ne voit pas passer les deux heures de film tellement on est pris dans l’histoire. Un bon divertissement qui fait tout de même réfléchir sur la thématique principale qui est globalement abordée de manière correcte et cohérente.

À bientôt sur Ciné-News ! ( en cliquant ici, vous retrouverez la page facebook dédiée au blog)

Alex