Note : 3,7/5
Je tiens tout d’abord à mettre
certaines choses au clair avant d’entrer dans le vif du sujet. Il y a un
élément de ce film, que je ne révélerai pas ici, qui divise beaucoup de fans. Ces
mêmes fans crient au scandale et se demandent comment J.K Rowling a pu intégrer
une telle chose alors que cette fameuse chose semble incohérente avec l’œuvre canonique.
Je n’aurais qu’une seule chose à répondre : l’œuvre appartient et appartiendra
toujours à son auteur. Ce n’est pas parce que certains d’entre nous estiment
connaître l’univers magique sur le bout des doigts que l’on peut prétendre mieux
le connaître que sa créatrice.
Ceci étant dit, nous pouvons
démarrer cette critique ! Etant donné qu’il s’agit du dixième film du
Wizarding World (nom donné à cet univers partagé créé par Rowling et Warner
Bros), il me semble compliqué de critiquer et d’analyser cet opus sans
spoilers. Les derniers paragraphes de cet article traiteront donc de ces
spoilers – mais rassurez-vous, vous serez averti dès que l’analyse générale
sera terminée.
Bon, ce n’est une surprise pour
personne ! J’ai vraiment adoré ce film. Les Animaux Fantastiques : Les
Crimes de Grindelwald est une suite dramatique et puissante. La magie est bien
présente à l’écran, avec des sorts et des effets inédits. J’attendais
énormément de ce deuxième volet et je ne suis clairement pas en reste. Premièrement
je trouve cet opus largement au-dessus du premier. J’avais apprécié Les Animaux
Fantastiques qui, malgré des enjeux assez simplistes et minimalistes, avait su
véhiculer un certain charme en nous montrant le monde des sorciers au-delà de
celui que nous connaissions en nous introduisant des personnages
charismatiques et attachants. Ce deuxième volet est – comme j’ai pu le dire –
supérieur en tout point. Il s’agit là pour moi de la meilleure réalisation de David
Yates depuis son arrivée dans la franchise en 2007 avec L’Ordre du Phénix.
Les Crimes de Grindelwald nous
propose une scène d’introduction absolument trépidante et visuellement réussie.
Beaucoup la qualifie d’illisible, cela n’a pas été mon cas. Après cela, s’ensuit
le début de l’intrigue où nous retrouvons Norbert, Jacob, Queenie et Tina ;
intrigue qui nous introduit également un jeune Dumbledore. Notons que la
surprise ici, c’est Jude Law qui donne corps à Albus Dumbledore, tout en
laissant planer, l’air de rien, l’ambiguïté sur sa relation avec Gellert
Grindelwald, laissant là aussi place aux nombreuses discussions entre fans sur
l’homosexualité d’Albus Dumbledore. Jude Law reprend le personnage avec
justesse : son Dumbledore est tendre, digne, spirituel et mystérieux.
L’atout majeur de ce blockbuster
pour moi c’est Johnny Depp. Sa prestation dans le rôle de Gellert Grindelwald
est juste incroyable. Le personnage incarné par notre Jack Sparrow transpire le
charisme et l’intelligence. Côté écriture, Gellert Grindelwald est sans aucun
doute le personnage le mieux écrit de ce film. En effet, Grindelwald veut que
les sorciers n’aient plus à se cacher mais, pour ce faire, les humains doivent
tout de même se soumettre. Le discours est séduisant et fait, malheureusement,
encore écho de nos jours. La montée du fascisme, puisque c’est de ça dont il
s’agit, est le thème principal du film et il ne fait nul doute que ce sera
encore fortement présent dans les films à venir. Bref, son Grindelwald fait
passer Voldemort pour un moins que rien et ce, bien que leur motivation respective
soit plus ou moins similaire. Voldemort s’est fait un nom en faisant régner la
peur tandis que Grindelwald tente de séduire le peuple avec de belles paroles et
en se servant de nos craintes afin de nous rallier à sa cause (ça ne vous
rappelle personne ?). A contrario, j’ai été très déçu par le traitement de
Queenie. Je ne peux en dire plus mais pour le coup, le traitement qui lui est réservé
provient certainement d’une facilité scénaristique critiquable.
Globalement, j’ai trouvé que l’intrigue était riche de plusieurs arcs qui ne se précipite pas pour les résoudre, et qui
réserve de belles surprises. On retrouve, il est vrai, de nombreuses
sous-intrigues dissimulées sous le scénario principal. Toutefois, de mon point
de vue, elles parviennent toutes à s’imbriquer les unes aux autres. Bien que j’ai
apprécié ce film, je dois tout de même reconnaître que mon ressenti final me
pousse à croire que ce deuxième volet est davantage un épisode de « transition »
qu’un vrai film qui se suffit à lui-même. Rowling écrit son scénario comme elle écrit les livres et, dans ce cas précis, ce n’est pas sans me déplaire. Mais nous
verrons par la suite que des soucis d’écritures subsistent, malheureusement.
Pour ce qui est du rythme, je l’ai
trouvé très bon ! On prend vraiment le temps d’esquisser de nouveaux enjeux :
la quête identitaire de Croyance, l’existence d’une mystérieuse prophétie (ça
aussi, ça ne vous rappelle rien ?), la tragédie des Lestrange, l’histoire
des Dumbledore, la montée en puissance de Grindelwald et tout ça, sans rien
résoudre et c’est justement une bonne chose selon moi. J.K Rowling prend le
temps de raconter une nouvelle histoire complexe qu’un film seul ne peut
résoudre en 2 heures. Sachant que la saga doit en avoir encore trois à son
compteur, tout ce qui a été amorcé ici finira par trouver une conclusion dans
les suites.
Et vu que l’on parle de Rowling (auteur
des Harry Potter et scénariste des Animaux Fantastiques), il faut quand même
noter que la plupart des défauts du film résultent de problèmes d’écritures.
Car oui, Les Crimes de Grindelwald n’est pas exempt de défauts ! Contrairement
à Harry Potter, cette nouvelle franchise n’est pas une série de romans, et il
est évident que Rowling est moins à l’aise avec l’écriture de scénario. Les
différentes informations sur le monde magique et même le contexte sont parfois
mal amenées dans les dialogues, qui paraissent peu naturels et ne donnent même
pas toujours toutes les clés nécessaires. La scénariste semble ainsi, à
plusieurs reprises, oublier l’importance du principe qui veut que, au cinéma,
il vaut parfois mieux faire comprendre par un élément visuel plutôt que
d’intégrer l’explication dans un dialogue. L’autre problème à mes yeux vient du
surplus de personnages. Il y en a beaucoup trop. D’une part, certains sont
inutiles (comme Nicolas Flamel) et d’autre part, les plus utiles à l’histoire n’ont
pas le temps d’être réellement développé. Je pense par exemple à Leta
Lestrange. Ce personnage avait énormément de potentiel mais elle a été sous-exploitée.
Tout cela donne au film un rythme assez intense mais parfois décousu. Autre
problème, je trouve que lesdits animaux fantastiques ne jouent plus un rôle
aussi majeur que dans le premier. Cela me semble problématique dans le sens où
la franchise porte ce nom. Mais ce défaut n’engage que moi. Au niveau des
défauts, il y a aussi un problème avec certaines incohérences mais celles-ci étant
des spoilers, je ne peux les traiter ici. Je vous invite à revenir lire la
partie en question dès que vous aurez vu le film.
Hormis cela, le film est vraiment
magnifique visuellement. J.K. Rowling écrit le scénario en imaginant le rendu à
l’écran (contrairement à l’adaptation des livres Harry Potter) et
ça se ressent énormément. Chaque scène a une identité visuelle qui lui est
propre, jouant sur les couleurs et les ambiances : les scènes de
Grindelwald sont sombres et froides, souvent dans les tons bleus alors que
Dumbledore est souvent présenté dans des scènes assez lumineuses par exemple.
Précisons aussi que la bande-originale
est vraiment bonne. Là aussi, je la trouve bien supérieure à celle du premier
volet. Et quel bonheur d’entendre à nouveau le thème musical de la saga Harry
Potter lorsque nous arrivons à Poudlard. Avec les quelques séquences qui se
déroulent au château, le film a su jouer avec notre nostalgie, pour notre plus
grand plaisir. En outre, revoir Poudlard nous rappelle que la saga Potterienne
s’est achevée il y a déjà 7 ans. Ça ne nous rajeunit pas tout ça.
Avant de passer à la conclusion
puis à la partie spoilers, je voudrai revenir sur le « fan-service ».
Certes, revoir Poudlard et apercevoir des lieux et personnages connus de tous,
avec lesquels on a pu grandir fait plaisir mais, le fan-service a des limites.
On sent que cet épisode a été fait pour réconcilier un peu les fans de la saga
Harry Potter déçu du premier volet des Animaux Fantastiques. Outre Poudlard et
Dumbledore, on voit des elfes de maison, la pierre Philosophale, Nicolas Flamel,
et même Nagini, le célèbre serpent de « Vous-Savez-Qui ». Et, encore une fois,
malgré un certain plaisir évident, on sent trop le côté poussif de la chose. En
soit ça ne m’a pas dérangé, bien au contraire, mais je peux comprendre que cela
puisse en gêner quelques-uns. Le premier opus avait réussi à glisser quelques
références par ci par là, ici c’est peut-être un peu trop.
De manière générale, l’objectif
de ce film est réussi : donner suite aux Animaux Fantastiques premier du
nom, tout en s’insérant pleinement dans le Wizarding World. Je pense aussi que
si j’ai mieux aimé cet opus par rapport au précédent c’est parce qu’au niveau
de l’ambiance, nous sommes plus proche de la saga d’origine – bien que cet opus
soit plus sombre que n’importe quel Harry Potter. A titre de comparaison, je dirai
qu’il a fallu 7 tomes pour venir à bout de l’histoire des Potter, de Rogue, et
de Voldemort. Il faut 5 films pour celle de Grindelwald, de la famille de
Dumbledore, de Norbert et de Croyance...
Malgré le surplus de personnage
et les petits soucis d’écritures, ce deuxième film a posé des enjeux tout en
gardant un rythme prenant. Et je l'ai trouvé très fin dans la construction des
personnages beaucoup plus clair-obscur que ceux de la saga Harry Potter. Je félicite
d’ailleurs David Yates pour cette réalisation esthétiquement incroyable. Certains
visuels – comme les draps noirs au-dessus de Paris – sont de toute beauté et
très lyrique. Le climax final vous laissera certainement sans-voix, idem pour
le cliffhanger qui divisera certainement les fans de la première heure (c’est de
cet élément-là dont je parlais en début d’article). Enfin, je pense vraiment qu’il
faut quand même avoir lu les livres sinon, vous risquez de passer à côté de
beaucoup de subtilités. Le film paraît beaucoup plus intéressant en connaissant
le passé commun de Grindelwald et Dumbledore (quasi pas évoqué dans le 7ème
film). Cette suite ne manque pas d'audace dans ce qu'elle entreprend et on sent ce petit frisson nostalgique.
Ai-je autant aimé ce film que j'aime les Harry Potter ? Non. Ce n'est pas comparable. Même si je pense que cet opus peut aisément rentrer dans mon TOP 5 de la saga. Mais pour peu que vous vous laissez vous émerveiller afin de (re)trouver une âme d’enfant, ce film, charmé par ses interprètes, devient envoûtant grâce à la magie des effets spéciaux.
Ai-je autant aimé ce film que j'aime les Harry Potter ? Non. Ce n'est pas comparable. Même si je pense que cet opus peut aisément rentrer dans mon TOP 5 de la saga. Mais pour peu que vous vous laissez vous émerveiller afin de (re)trouver une âme d’enfant, ce film, charmé par ses interprètes, devient envoûtant grâce à la magie des effets spéciaux.
Bon, venons-en directement au
fait : nous apprenons à la fin du film que Croyance serait le frère caché
de Dumbledore… Whaaaaat ? Oui, oui vous avez bien lu ! D’après
Grindelwald, Croyance s’appellerait en réalité Aurélius Dumbledore. En termes de
cohérence avec l’œuvre canonique cela peut effectivement poser problème car
dans Les Reliques de la Mort, nous en apprenons beaucoup sur la famille
Dumbledore et a priori, Albus n’aurait que deux frères et sœurs :
Alberforth et Ariana (qui est décédée). Mais selon moi, ce n’est pas parce que
ça n’a jamais été précisé que cela est nécessairement incohérent. Je pense que
J.K Rowling sait ce qu’elle fait. Elle n’a pas écrit cela par hasard. L’œuvre lui
appartient et le connaît mieux que quiconque. Il est fort possible d’ailleurs
qu’elle est préméditée cette histoire de frère méconnu déjà à l’époque des
Harry Potter. Soyons clair, J.K Rowling ne crache pas sur œuvre. Elle a pris le
parti d’ancrer son récit à une époque où Dumbledore est encore « jeune ».
Donc, une époque qui permet progressivement d’en savoir plus sur sa famille. Ce
que l'on apprend dans cet épisode, si ce n’est pas démenti ensuite, ne
contredit pas ce que l’on a découvert dans la saga HP. Au contraire, ça la
complète.
L’autre possibilité évidemment
est qu’il s’agisse tout bonnement d’une ruse de la part de Grindelwald pour
rallier Croyance à sa cause et il y a de bonnes possibilités que ce soit ça.
Mais si c’était le cas, une telle révélation n’aurait plus aucun impact sur le
spectateur une fois la vérité connue.
Du coup, je pense que cette dernière scène a vraiment été faite pour toucher le
public qui ne connait pas, ou pas assez le monde de Rowling et qui ne percute
pas ces détails. Entre le coup de faire grandir le
phénix d'un coup, donner une baguette à Croyance, et lui dire qu'il est le frère
d'Albus, ça ressemble plus à un feu d'artifice pour novice qu'autre chose, afin de leur en mettre (encore) plus plein la vue et leur donner envie de continuer à regarder la
saga.
Je finis par me dire que c'est pour ça qu'il y a toutes ces petites erreurs.
Comme McGonagall, avec l'arrivée d'autant de nouveaux personnages c'est rassurant
pour des néophytes de retrouver des gens et éléments connus.
Tant qu'on en parle, venons-en à la présence du professeur McGonagall. Rappelons que ce film se déroule en 1927,
et que McGonagall est également présente dans les flash-backs qui doivent se
dérouler, 10 ou 15 ans avant les aventures de ce film. Or, Minerva McGonagall
est sensé être née en 1935. Comment peut-elle donc être professeur à Poudlard
en 1927 ? Mystère ! Pour ma part je reconnais que cette incohérence m'a énormement dérangé...
Et enfin pour en finir avec les
spoilers, j’ai été gêné par un détail d’ordre anachronique : l’architecture
du château. Nous le savons, au fil des Harry Potter, le château a beaucoup changé
architecturalement. Mais ici, nous avons affaire au Poudlard d’Harry Potter et
Les Reliques de la Mort Part.2 alors qu’en toute logique, il devrait être similaire
voir identique au Poudlard que nous avons vu pour la toute première fois, celui
de l’Ecole des Sorciers. Rien de bien méchant mais bon, ça n’en reste pas moins
gênant.
Pour terminer, je dirai que cet opus n'a fait que de confirmer ce que j'avais prédit lors de ma critique du premier volet (ICI) et de ma vidéo sur l'arrivée de ce deuxième film l'an dernier (ICI), à savoir que nous nous dirigeons petit à petit vers un « Pré-Harry Potter ».
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Alex