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jeudi 26 octobre 2017

Critique - Thor : Ragnarok


Note : 3,75/5

Après un été consacré aux super-héros Marvel avec Spider-Man : Homecoming (critique ICI) et Les Gardiens de la Galaxie 2, la firme revient cet automne avec le très attendu Thor : Ragnarok. Alors que les fans s'impatientent quant à la sortie du troisième Avengers (Infinity War), Marvel Studios a décidé de réintroduire des personnages absents depuis un long moment tout en s'inspirant de l'humour des Gardiens de la Galaxie, très apprécié du public.

Avant de commencer, il est bon de préciser certaines choses. Si la majorité trouve que cette saga est la plus faible du MCU, je ne suis pas d'accord. Les deux premiers volets possèdent un visuel unique (notamment les plans sur Asgard), des acteurs parfaits pour leurs rôles (je pense évidemment à Tom Hiddleston dans le rôle de Loki) et une dimension divine et héroïque qu'on ne retrouve dans aucun autre métrage du MCU. 
Le seul bémol avec ces deux opus est que le héros peinait à trouver sa place. Si Thor était une bonne surprise, le deuxième a pu décevoir par son aspect sombre et sérieux qui ne correspond pas vraiment au héros, et Marvel l'a très bien compris. C'est pourquoi ici, un changement de ton radical a été opéré : nous avons désormais affaire à un film au style visuel années 80 qui joue sur l'autodérision en proposant un humour fun et décomplexé. Cette tournure est la meilleure chose qui pouvait arriver à cette franchise. 



Situé deux ans après les événements de Avengers : l'Ère d'Ultron, le métrage démarre avec Thor retenu captif. Cela ne va pas durer longtemps puisque après un bref voyage sur Terre, le dieu nordique va devoir affronter Héla, la déesse de la mort, qui va s'emparer d'Asgard. 
Ragnarok débute avec une scène d'introduction qui met des baffes et nous met dans le bain. Dès le début on constate que les combats sont fluides et superbement bien filmés, bien mieux que dans Spider-Man : Homecoming
Après Dr. Strange et Les Gardiens de la Galaxie 1 & 2, la firme et le cinéaste, Taika Waititi, nous offrent un film visuellement ambitieux, et ça fait plaisir. La patte graphique, la mise en scène et le jeu des couleurs livrent au long-métrage des plans iconiques. Bien que tout l'aspect visuel n'est pas sans rappeler celui des Gardiens de la Galaxie, je trouve néanmoins que pour une oeuvre dédiée à l'un des Avengers, c'est assez original. Ce Marvel ne ressemble à aucun autre (excepté les Gardiens).  

Cela ne vous aura certainement pas échappé en voyant le trailer, ce Thor : Ragnarok est très axé sur l'humour. Ce qui en dérangera sûrement plus d'un. L'idée de traiter le "Ragnarok" comme une comédie est un choix qui peut surprendre lorsque l'on connaît l'histoire d'origine (comme moi) qui est censé être tragique. Mais je comprends la volonté du réalisateur avec ce film. Soyez rassurés, la comédie laisse tout de même une place au tragique. D'ailleurs, par différents parti pris scénaristique, ce Marvel est assez ambitieux par rapport à d'autres. L'humour à sa place au sein du métrage et fonctionne, bien qu'il ne soit pas parfaitement bien dosé. En effet, l'autodérision est un peu trop tiré par moment, gâchant le potentiel de quelques scènes dramatiques. Mais en soi, rien de bien gênant car dans la majorité du film l'humour est cohérent et justifié. En fait, le problème est que cet opus a été vendu comme un film drôle mais le fait est que l'humour est la marque de fabrique du MCU. Donc voir du comique dans un Marvel est devenu quelque chose de lambda désormais.
J'en profite pour faire une petite mise au point : pour ceux qui se plaignent de l'humour "trop présent", ne blâmez pas le film. Je veux dire, Thor : Ragnarok est le dix-septième opus du MCU et honnêtement je pense qu'avec le temps, on sait comment les choses fonctionne chez eux. Apporter beaucoup d'humour, c'est ce qu'ils font depuis le début, que ce soit pour dédramatiser la tension ou nous faire apprécier un personnage que l'on n'aimait pas à la base. Bien sûr, tous les films de la franchise n'en sont pas aussi remplis, mais quand même. Soit vous l'acceptez soit vous arrêtez d'aller voir les métrages de cet univers. 

En ce qui concerne les personnages et le casting, Chris Hemsworth se lâche totalement dans son interprétation du dieu nordique, ce qui est franchement exaltant. Son alchimie avec Tom Hiddleston (Loki) fonctionne mieux que jamais. Leur relation reste très complexe. 
Loki a toujours été un personnage alambiqué et c'est ce qui fait sa force. Il s'agit sans aucun doute du personnage le plus intéressant du MCU. Tom Hiddleston est toujours aussi bon. Son évolution est remarquable. Avec lui la trahison est toujours au rendez-vous mais lorsqu'il agit en héros, on ne peut qu'être époustouflé. D'ailleurs, j'ai A-D-O-R-É la réaction de Loki lorsqu'il voit Hulk. L'interprétation d'Hiddleston à ce moment est juste ouf, c'est à mourir de rire. On se doute que Loki allait avoir un peu d'appréhension en revoyant Hulk mais je ne m'attendais pas à une telle réaction. Et ça marche vraiment bien ! 
L'arc narratif avec Hulk est tout aussi fastidieux. À noter que nous avons plus souvent affaire à Hulk qu'à Bruce Banner, le rendu est intéressant et change de l'accoutumée. Le voir au côté de Thor combattre dans Asgard est jouissif. Le duo Mark Ruffalo/Chris Hemwsorth oeuvre à merveille. Dans les précédents films du MCU dans lequel ils apparaissaient, les deux héros étaient un peu effacés aux côtés de Stark et Rogers. Ragnarok nous permet vraiment de les découvrir. Néanmoins, bien que la présence de Hulk soit plaisante, le personnage n'apporte rien de concret à l'intrigue en elle-même ni au climax. Le héros est ici simplement pour faire rire et amener des touches humoristiques dans plusieurs scènes, ce qu'il réussi avec brio.
La nouvelle version de Hulk portée par Mark Ruffalo est très réjouissante, la nouvelle venue Tessa Thompson est assez forte et décontractée pour mériter un retour dans de prochains films et Jeff Goldblum en Grand Maître est tout simplement fabuleuxIdriss Elba dans le rôle de Heimdall est  somptueux, surtout que pour une fois son rôle est plus important que dans les précédents. 

Les caméos de Stephen Strange et de Black Widow sont surpuissants et émouvants. Le film vous réserve d'autres surprises surprenantes et amusantes. Soyez attentifs car de nombreux clins d’œil aux précédentes œuvres du MCU et divers indices sur la suite sont dissimulés un peu partout dans le métrage. À un moment donné, vous entendrez parler des fameuses Pierres d'Infinité. Bien sûr, si vous êtes connaisseurs de l'univers vous savez de quoi il en retourne, mais pour les autres je vous invite à lire  >> cet article << (écrit par mes soins) qui explique clairement de quoi il s'agit. Pour Avengers : Infinity War, cela vous sera grandement utile puisque les Pierres d'Infinité seront au cœur de l'intrigue



Si l'idée d'avoir une femme comme antagoniste est excellente sur le papier, à l'écran ça l'est beaucoup moins. Hélas comme dans la plupart des Marvel du MCU, cette méchant n'est pas suffisamment approfondi et ses motivations ne changent guère des méchants précédents... Vu la qualité de l'interprétation de Cate Blanchett, c'est vraiment dommage. Par contre, j'adore sa façon de rester classe mais drôle quand il le faut. Le traitement de son personnage me rappelle Loki. Héla est une antagoniste classe mais beaucoup trop classique. 
Quant aux enjeux, ils sont présents mais un peu effacés au profit de l'humour. s'ils avaient été un peu plus développés, le film aurait davantage gagné en maturité. 

Sinon, hormis ceux que je viens de citer je n'ai pas grand chose à reprocher à cette oeuvre cinématographique. Les seuls défauts majeurs étant les enjeux sous-exploités et le manque de tension dramatique. Alors oui, il est loin d'être le meilleur film du Marvel Cinematic Universe, mais il est incroyablement divertissement et ne possède aucun temps mort. Et contrairement à d'autres, ce film me restera en tête. Pourquoi ? Eh bien pour un aspect – également commun à tous les Marvel mais qui est bien mieux exploité ici : la science-fiction. Ce film a une vraie recherche, des vrais décors. Marvel Studios nous propose un véritable environnement avec un design très attrayant. On découvre tout un nouvel univers. Thor : Ragnarok est un film d'exploration. Tout l'univers de Saakar, la "planète décharge", rend le film marquant. 

J'ai été très surpris par les effets spéciaux qui ne sont pas les plus beaux que j'ai pu voir dans un film de super-héros, un peu comme Wonder Woman dont les effets spéciaux laissaient à désirer. Pour ce qui est du reste de la réalisation, contrairement à ce qu'avait fait Alan Taylor (réalisateur du deuxième opus), on regagne en grandioseTaika Waititi propose des plans vraiment intéressants, notamment celui où des protagonistes marchent sur un sol en miroir : la caméra est tout d'abord positionnée au-dessus d'eux avant de passer en dessous où l'on fini par voir leurs reflets. Comme les miroirs sont ultra réfléchissant, on a l'impression que les personnages marchent sur eux-mêmes et le rendu visuel est très fascinant.

Ce troisième volet de la trilogie nous conduit tout droit vers Infinity War, ébranlant une fois de plus notre impatience. La réunification de tous les héros du MCU n'a jamais été aussi proche et ce Ragnarok nous le vend bien. D'ailleurs, je vous conseille de rester jusqu'à la fin du générique (avec Marvel on a l'habitude hein). La première scène post-générique donne un indice conséquent quant au prochain Avengers tandis que la seconde n'a aucun impact sur le MCU. C'est simplement une scène "bonus", sympathique à regarder. 


En plus de nous mettre une grosse claque visuelle, Thor : Ragnarok est incontestablement le meilleur opus de la trilogie dédiée au dieu nordique. Mis à part l'humour qui semble un peu trop forcé à certains moments mais qui – globalement – marche du feu de dieu, cet opus est très très bon, avec une identité visuelle qui lui est propre. C'est sans doute le film le plus fun du Marvel Cinematic Universe. 

Mélanger forme décomplexée et fond plutôt sérieux était très risqué. Mais l’ensemble s’en sort clairement avec les honneurs grâce notamment à son style visuel, son casting et sa générosité (pour les fans qui sauront la repérer). Un film qui est à se Thordre de rire, tout simplement !

À bientôt sur Ciné-News ! ( en cliquant ici, vous retrouverez la page facebook dédiée au blog)
Alex 

mercredi 18 octobre 2017

Critique - Blade Runner 2049


Note : 3/5

Ça y est j’ai enfin vu Blade Runner 2049 !!! Tout comme je l’avais fait pour le premier film, je vais procéder à une critique ainsi qu’à une analyse de ce long-métrage réalisé par Denis Villeneuve (à qui l’on doit Prisoners ou encore, Premier Contact). Je vous invite à aller jeter un coup d’œil sur mon article dédié au premier opus en cliquant >> ICI <<.

Ce deuxième opus met en scène le personnage de Ryan Gosling dans un monde encore plus lugubre et dévasté que dans le précédent. S’il est également question d’une enquête policière, se métrage va bien au-delà de cela en se permettant de nous livrer des réflexions philosophiques toutes aussi ambitieuses que dans le film original. Il faut noter que c’est une grosse prise de risque de nous proposer un blockbuster de ce calibre qui ne ressemble en rien aux autres blockbusters actuels.

Passons maintenant au synopsis :
En 2049, la société est fragilisée par les nombreuses tensions entre les humains et leurs esclaves créés par bioingénierie. L’officier K est un Blade Runner : il fait partie d’une force d’intervention d’élite chargée de trouver et d’éliminer ceux qui n’obéissent pas aux ordres des humains. Lorsqu’il découvre un secret enfoui depuis longtemps et capable de changer le monde, les plus hautes instances décident que c’est à son tour d’être traqué et éliminé. Son seul espoir est de retrouver Rick Deckard, un ancien Blade Runner qui a disparu depuis des décennies...

Avant de continuer, je préfère vous mettre en garde : cet article contient de nombreux spoilers. Malheureusement pour ceux qui n’ont pas encore vu le film, j’ai besoin de détailler certains pans de l’histoire pour toute la partie qui concerne les thématiques.
Si vous avez lu l’article qui abordait le premier opus (ce que j’espère !!!!), les quelques éléments qui vont suivre ne sont pas indispensables. Néanmoins, je tiens à préciser certaines choses pour que ce soit clair pour tout le monde.

Qu’est-ce qu’un Réplicant ? [RAPPEL]


Ce sont des androïdes (robots à l’apparence humaine) créés par des ingénieurs. L'objectif de la Tyrell Corporation dans Blade Runner, puis de la Wallace Corporation dans ce film-ci, est de créer des Réplicants "plus humains que l'humain". Ils s'appuient sur des échantillons ADN pour leurs créations. Les Réplicants sont plus forts et plus intelligents que les êtres humains qui les entourent et leur donnent des ordres...

Qu’est-ce qu’un Blade Runner ? [RAPPEL]


C’est un membre spécial de la police chargé de la traque et du « retrait » des Réplicants jugés indésirables par les humains. Rick Deckard, dans le premier film, et Ryan Gosling, dans 2049, sont tous les deux des Blade Runner, chargés de retrouver et d'éliminer des Réplicants.

Rick Deckard est-il un Réplicant ? [Deuxième partie]


La question se posait à la fin du premier opus. Dans ce film-là, nous n’avons toujours pas réponse, ce qui permet d’endurcir le mystère sur sa nature. 30 ans après, le mystère demeure toujours. Libre à vous d’interpréter le personnage de Deckard comme étant un humain ou comme étant un Réplicant car les deux options restent possibles. Ridley Scott, réalisateur du premier film, affirme quant à lui que le protagoniste incarné par Harrison Ford est un Réplicant : « C'est le but de Gaff, le gars qui fabrique des origami et qui laisse ses petits personnages lorsqu'il passe. Il n'aime pas Deckard, et nous ne savons pas vraiment pourquoi. Si vous prenez pour acquis un instant, disons, Deckard est un Nexus 7, il a probablement une durée de vie inconnue et commence donc à devenir terriblement humain. Gaff, à la fin, laisse un origami, qui est un morceau de papier d'argent caché dans un paquet de cigarettes, et c'est une licorne. Maintenant, la licorne dans la rêverie de Deckard me dit que Deckard ne parlerait pas à propos de ce genre de choses. Si Gaff est au courant, c'est son moyen de dire : «J'ai lu ton dossier, mon ami.» Cela concerne le premier discours de Deckard à Rachel quand il dit : «Ce n'est pas votre imagination, c'est la rêverie de la nièce de Tyrell.» Et il décrit une petite araignée sur un buisson à l'extérieur de la fenêtre. L'araignée est une imagination implantée. Et donc Deckard, aussi, à l'imagination et même l'histoire implantée dans sa tête. »

Selon le cinéaste, Deckard pourrait être un Nexus 7. Comme nous ne savons rien de cette génération, nous pouvons déjà un peu mieux comprendre le "miracle" de Blade Runner 2049, mais je reviendrai dessus plus tard.
Après tout, dans BR2049 il n'est jamais ouvertement dit que Deckard est un mais absolument rien n'indique le contraire non plus, et tout porte quand même à croire à cette hypothèse.

Maintenant que tout cela est dit, passons à la critique ! 

Un bon scénario desservi par une longueur non-justifiée


Déjà que je trouvais que le premier opus tirait un peu en longueur alors qu’il n’avait qu’une durée de deux heures, je trouve ce Blade Runner 2049 extrêmement long, sans raisons apparentes. L’intrigue de Blade Runner nécessitait une mise en place lente mais efficace ce qui n’est pas le cas ici. J’ai l’impression que ce film va à l’inverse du premier opus. Je m’explique : j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire du premier car le film met du temps à démarrer. Mais plus il avance, plus l’intrigue est intéressante. Dans BR2049, je suis immédiatement rentré dedans mais à certains moments du film j’ai décroché pour finalement rentrer de nouveau dans l’histoire.

Le contenu du scénario est beaucoup trop creux pour justifier une durée pareille. La seule chose, à la limite, qui pourrait légitimer cette longueur est l’univers post-apocalyptique du métrage qui nécessite un développement mais là encore, on a très souvent affaire à de longs plans-séquence – aussi majestueux soient-ils – sur la ville qui sont loin d’être indispensables.

En revanche, l’enquête policière menée par l’agent K est beaucoup mieux réussie que celle du premier. Comme j’ai pu le dire dans mon article précédent, tout l’intérêt de l’enquête est ôté par le simple fait que nous connaissons l’histoire avant Deckard. Ici l’investigation est bien gérée puisque nous découvrons les indices en même temps que le protagoniste, suscitant un intérêt particulier sur la résolution de cette enquête. Toujours est-il que la longueur porte préjudice à l’intrigue. L'histoire est tellement étirée que les éléments auxquels nous avons affaire semblent tellement gros que l’on sait d'avance qu'il y aura un ou plusieurs twists. On s'y attend tellement que l'effet de surprise ne fonctionne pas.

Le défaut majeur du métrage reste la longueur rendant le tout plutôt prévisible dans l’ensemble. BR2049 est tout aussi contemplatif que le premier, voire plus. Malgré une mise en scène incroyable, le story telling est trop faible et inadapté pour 2h43 de film.

L’esthétisme rend hommage à son prédécesseur




Pour ce qui est de l’esthétisme et de la photographie, c’est absolument divin. Le visuel m’a mis une grosse grosse claque, tout simplement. Je pense sincèrement que visuellement, ce long-métrage est supérieur à Blade Runner premier du nom. Tout l’aspect esthétique rend hommage à l’œuvre de Ridley Scott tout en s’émancipant de son héritage. Là où Ridley Scott proposait un film sombre et obscur avec un nombre considérable de scènes se déroulant de nuit, Denis Villeneuve nous propose l’inverse. Certes l’univers est toujours aussi lugubre mais le cinéaste propose un film très coloré avec un style tout aussi épuré. Villeneuve nous offre un film aux images claires accompagnées par un teint sombre. En cela, les deux métrages se complètent, formant le jour et la nuit. Blade Runner 2049 n’est pas une simple suite, c’est un prolongement du premier volet.

Le monde post-apocalyptique fait écho au monde d’aujourd’hui, beaucoup plus qu’à l’époque du premier film. Forcément, les causes qui ont fait que le monde soit parti en cacahuète résonnent en chacun de nous. L’humain détruit la planète jour après jour. Blade Runner tente de nous le rappeler à travers cette dystopie tout aussi incroyable qu’effroyable.

Les CGI sont à couper le souffle ! Les versions numériques de Paul Walker dans Fast & Furious 7 et du grand Moff Tarkin dans Rogue One sont largement pulvérisés par la version numérique de Rachel dans cet opus. Son personnage semble plus vrai que nature, s’en était presque perturbant.

Il est indéniable qu’un gros travail a été opéré sur l’image tout comme sur le son. La bande-originale m’a moins marqué que celle du premier mais elle est réussie dans l’ensemble et la magie opère. En dehors de la BO, si on s’attarde sur le mixage du son (bien que je ne sois pas un expert dans le domaine) c’est stupéfiant ! Les moindres bruits, mêmes les plus insignifiants, ont été minutieusement travaillés afin que tout cet univers soit cohérent et vivant. C’était déjà le cas dans l’œuvre de Ridley Scott mais là aussi, l’univers établi par Villeneuve dépasse l’œuvre en elle-même.

Des personnages remarquables


Si Harrison Ford nous livre une fois de plus une interprétation magistrale, j’avoue avoir été époustouflé par l’agent K. Je ne suis pas fan de Ryan Gosling habituellement mais là, sa prestation est somptueuse, tout en retenue et en déflagration mentale. Son personnage subit un conflit interne, s'humanise de plus en plus et laisse pour la première fois ses émotions le guider. Tout passe par son regard. Ce rôle lui va comme un gant. Jamais je n’aurais cru dire ça de Gosling un jour mais dans ce film, c’est un sans-faute.


Et que dire de Jared Leto ? À chaque film je le trouve excellent mais dans celui-ci c’est différent. Si son personnage de Wallace est aussi imposant c’est grâce aux décors (sans doute créés pour l’occasion) qui portent les scènes où Leto apparaît. Sa performance est incroyable et son personnage reste mystérieux. Par contre, je n’ai pas été très convaincu par les motivations de ce « méchant » : un mégalo qui se prend pour un dieu. Cette inspiration est intéressante pour la thématique de l’humain qui se croit supérieur mais son personnage n’est pas suffisamment développé.

Une réflexion aussi révolutionnaire que le premier ?



Oui et non. En termes de questionnement et de réflexion je trouve qu'il n'apporte rien de nouveau par rapport au premier. En revanche, là où cet opus se démarque c’est par son thème principal : la mémoire. Tout d’abord la mémoire du film original – et de Rachel, d’où son apparition en CGI – mais aussi les mémoires disparues avec le black-out qui a effacé toutes les données numériques ; les fausses mémoires avec K, et la mémoire perdue avec Joi dont l’unique sauvegarde se fait détruire. D'ailleurs, le personnage de Joi que l'on pense être un simple "gadget" pose la question de nos futures relations avec les IA (intelligence artificielle).

L’un des intérêts majeurs du film réside dans le « miracle » dont on entend parler tout au long de l'intrigue : l'enfant que Rachel, la Réplicante du premier, a pu avoir. Cette « précision » sur la nature des Réplicants que nous n'avions pas dans le premier film apporte une dimension philosophique assez forte et elle l'est d'autant plus que nous n'avons pas de réponse sur l'identité de Deckard. Vu que Tyrell avait sorti un nouveau type de Réplicants sans date de péremption, il pourrait en être un comme il pourrait être humain. Nous n'aurons certainement jamais de réponse. C'est à nous de l'interpréter comme on le souhaite. Et les deux possibilités sont aussi effrayantes l’une que l’autre : d’un côté il est un Réplicant et donc les Réplicants peuvent se reproduire entre eux (et nous remplacer ?) ; de l’autre il est humain et alors les Réplicants sont aussi humains que nous car ils peuvent se reproduire avec nous. Ce qui fait peur aux humains dans ce film, c'est d'être remplacé.

À propos des thématiques, nous retrouvons (de nouveau) la quête identitaire, particulièrement à travers K (cette quête identitaire est plus réussie que dans le film original pour le coup), la réflexion sur le libre arbitre, avec Joi par exemple : elle semble plus "vivante" que K alors que lui semble perdu et reste passif. Et enfin, le côté « humains moins qu'humains ». Dans le premier on nous dit que les Réplicants manquent d'empathies mais là c'est clairement l'inverse. Ils sont pleins d'émotions là où les humains sont froids. Cet inversement au niveau des rôles est très intéressant mais au vu des nombreuses œuvres de SF ayant déjà traités de cet aspect, la réflexion portée est moins marquante.

Bien que les thématiques soient toutes aussi intéressantes que dans le premier, elles sont moins révolutionnaires et moins d'actualités.

Une œuvre élitiste ?


Comme certains l'ont déjà dit avant moi, Blade Runner 2049 est « l'anti-Ghost In The Shell ». Là où Ghost in The Shell simplifiait l’œuvre originale pour la rendre plus accessible, Blade Runner 2049 est très élitiste. Le premier était déjà réservé qu'à un certain type de public mais celui-ci est beaucoup trop fermé et je pense que cela joue en la défaveur du film. Cela légitime l’authenticité du film du fait qu’il ne soit pas mainstream mais l’échec commercial que BR2049 est en train de subir bouleverse l’avenir des blockbusters de ce calibre. La motivation principale des studios aujourd’hui c’est le profit et avec ce film on ne peut pas dire que Sony connaisse du succès. Cela va faire passer l’envie à Hollywood de produire de tels films, favorisant plutôt les blockbusters tout public.
Je ne jette pas la pierre à BR2049 qui se veut élitiste, c’est juste que cela semble paradoxal avec la stratégie actuelle d’Hollywood. Je trouve cela étonnant (dans le bon sens du terme) qu’un studio ait accepté de financer un film pareil.

Ce métrage n’est pas destiné à n’importe qui, et j'imagine que beaucoup  de spectateurs ont dû s’attendre à une production hollywoodienne lambda.  À ce propos, l'affiche et le trailer sont trompeurs sur la marchandise. On peut s’attendre à de l’action brute alors qu’il n’en ai rien (et heureusement, sinon cela aurait dénaturé l’œuvre de Ridley Scott).

Mon avis final 


Blade Runner 2049 ne parvient pas à égaler son prédécesseur. Il s’agit d’un film rempli de poésie dépeint par des thématiques réflexives mais moins révolutionnaires. Il rend un bel hommage à l’œuvre de Ridley Scott tout en s’affranchissant de son héritage. Malgré cela, cette suite était largement dispensable et je suis totalement contre un troisième opus.

Pour autant, cette œuvre fictionnelle n’est pas exempt d’émotions, et elle nous livre des personnages complexes, au même titre que Blade Runner premier du nom. Cette oeuvre cinématographique vous laissera certainement un avis à double tranchant. En sortant de ma séance, Blade Runner 2049 m’a divisé en deux. J’ai trouvé que le film était très réussi sur certains points mais décevants sur d’autres aspects. Pourtant, en y réfléchissant bien, ce film me semble de plus en plus abouti au fur et à mesure que l'on saisi la profondeur de certaines thématiques qui ne sont pas forcément perceptibles dès la fin du visionnage

Visuellement, BR2049 est très riche et expose un univers lugubre mais pas dénué de couleurs (à l’inverse du premier). Seulement, le story telling reste inconsistant malgré une réflexion importante. Ce que le film perd en qualités scénaristiques, il le gagne en qualités visuelles. Je reproche sa longueur à cette production, mais j’avoue ne pas être déçu par les quelques longs plans-séquence ayant pour finalité de développer et d’enrichir l’univers du métrage, qui joue un rôle à part entière.

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Alex 

samedi 14 octobre 2017

Critique - Kinsgman : Le Cercle d'or

Note : 4/5


En découvrant Kingsman : Services Secrets en 2015, j’ai été agréablement surpris par l’univers assez loufoque, absurde et irrévérencieux qui nous était proposé. Le métrage de Matthew Vaughn était une franche réussite. Aujourd’hui, en 2017, le cinéaste revient avec un deuxième opus, Kingsman : Le Cercle d’or, qui est dans la parfaite continuité du premier volet.

Après avoir mis Richmond Valentine hors d’état de nuire dans Services Secrets, les agents de Kingsman auront affaire à une toute autre menace dans Le Cercle d’or. Dans cette suite, alors qu’une bombe s’abat et détruit leur quartier général, les agents font la découverte d’une puissante organisation alliée nommée Statesman, fondée il y a bien longtemps aux Etats-Unis.
Face à cet ultime danger, les deux services d’élite n’auront d’autre choix que de réunir leurs forces pour sauver le monde des griffes d’un impitoyable ennemi, qui ne reculera devant rien dans sa quête destructrice.

Une suite inventive et rafraîchissante…



Si le premier opus prenait son temps pour développer son univers iconoclaste et irrévérencieux, ici on rentre directement dans l’action et ce, dès les premières minutes. Bien que l’effet de surprise du premier ait disparu, on ne cesse d’être surpris parce ce qui nous est proposé à l’écran. Si vous avez vu le premier, vous aurez compris que Kingsman va à l’inverse des films d’espionnage « classiques » en jouant davantage sur l’absurde. Cette absurdité est encore plus poussée que dans le premier volet et elle règne tout au long du métrage, tout en étant parfaitement assumée. C’est cet aspect-là qui fait tout le charme de ces deux films.

Le Cercle d’or possède un dynamisme incroyable. Nous n’avons pas le temps de nous ennuyer. Les scènes d’action sont tout bonnement dantesques, inventives, ahurissantes et repoussent les limites stylistiques du premier KingsmanLes cadrages utilisés nous immergent pleinement dans l’action, servis par une mise en scène absolument divine. À de nombreuses reprises, j’ai remarqué qu’il y avait une utilisation très fréquente de plans-séquence qui sont à tomber !!! Une chose est sûre : le réalisateur s’est fait plaisir !

Ce Kingsman n°2 est plus qu’un divertissement, il est d’une générosité et d’une inventivité qui ne peut que faire plaisir dans une époque où peu de cinéastes peuvent donner leurs pleines mesures. Matthew Vaughn est clairement en pleine possession de ses moyens : ses personnages n’ont jamais été aussi attachants et on sent qu’il s’éclate à fond dans l’action.

Kingsman : Services Secrets ayant eu un fort succès, je pense que le réalisateur a voulu repousser les limites du premier et bien que cet opus soit divertissant comme jamais, il perd un peu le charme de son prédécesseur. Toutes les scènes d’action sont parfaitement bien maîtrisées mais aucune n’arrive à la cheville de celle de l’Eglise dans le premier volet. À trop vouloir aller dans la surenchère, aucune scène dans celui-ci ne se démarque plus qu’une autre. 
Certes, on retrouve énormément de scènes du même acabit que celle de l’Eglise mais elles ne sont pas aussi cultes. Côté violence, Services Secrets est beaucoup plus soft comparé à cette suite.

L’humour est toujours de la partie, pour notre plus grand plaisir. Si vous avez apprécié l’humour du premier, vous allez prendre votre pied ici. Plus trash et plus poussé, le dosage de l’humour est bien géré et aucune vanne ne tombe à l’eau.

... Servie par un scénario et un casting de qualité



Comme pour le premier opus, le scénario ne casse pas des briques mais il est présent et plutôt bien écrit dans l’ensemble. Bien sûr, si vous connaissez déjà l’univers de Kingsman, vous ne serez pas surpris si je vous dis que l’histoire est complètement « barrée ». Globalement l’intrigue est bien ficelée et tient la route. On se laisse guider par ce qui nous est dit et montré.
Il y a une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est que le film se permet des discours politiques et moraux importants. Kingsman est intéressant pour le message qui est transmis derrière toute cette absurdité car oui, il y a tout de même une morale forte et légitime dans chacun de ces deux opus.
D’autre part, Matthew Vaughn a accordé une place toute particulière à la mémoire dans ce métrage. Je ne vous dirai pas dans quel contexte ni pourquoi. Ce que je peux dire en revanche c’est que la place qui lui est réservée est justifiée par le fait que la mémoire nous représente comme individu. Une grande partie du long-métrage tourne autour de cette idée.

L’intégration des « cousins » américains des Kingsman – les Statesman – permet d’enrichir l’univers en nous présentant de nouveaux éléments mais on perd aussi la saveur de ce qui rendait le premier opus unique et authentique. Par ailleurs, les agents de Statesman sont sympas à découvrir mais semblent un peu trop caricaturaux (tout comme la représentation qui est faite du Président des Etats-Unis). Même si ce côté caricatural est un parti-pris scénaristique permettant de jouer encore plus sur l’exagération, je le trouve un peu maladroit par moment.

Après avoir eu un Richmond Valentine fabuleusement interprété par Samuel L. Jackson dans Kingsman : Services Secrets, l’antagoniste de ce métrage est joué par la sublime Julianne Moore qui campe un personnage tout aussi dingue que celui de son prédécesseur. Le seul bémol c'est que contrairement à Valentine, le personnage de Poppy est beaucoup moins développé. Les motivations de cette méchante sont toutes aussi ridicules que celles de Valentine mais comme j’ai pu le dire un peu plus tôt, c’est cela qui fait le charme du film. C’est ridicule mais dans le contexte et dans l’univers du métrage, cela fonctionne à merveille.

Le Cercle d’or nous offre un casting cinq étoiles ! Je suis étonné que certains personnages restent très effacés. Je ne comprends pas pourquoi Matthew Vaughn a choisis des acteurs (et actrices) d’une grande renommée si c’est pour qu’ils soient (presque) transparents dans l’histoire. Quoiqu’il en soit, je ne cracherai pas sur les présences de Halle Berry et Jeff Bridges.

Le second-rôle que Vaughn a offert à son idole (Elton John) est jubilatoire. L’artiste incarne son propre rôle d’une manière décomplexée et exagérée mais chacune de ses apparitions sont à mourir de rire.

Le retour de Harry Hart (Colin Firth) est cohérent, bien que légèrement tiré par les cheveux. Néanmoins, son retour fait plaisir et le traitement réservé à ce personnage est assez fun. Par rapport au premier film où il avait une plus grande importance, Harry est relégué ici au second plan permettant ainsi à Taron Egerton (Eggsy) de mettre en avant son potentiel d’acteur. Je suis content qu’il occupe un rôle nettement plus important que dans le premier Kingsman.

 Une bande-originale fabuleuse


La bande-originale m’a beaucoup marqué. Parmi les films que j’ai pu voir récemment, c’est l’un des rares où je trouve la musique vraiment réussie. En outre, il me semble avoir reconnu, à un moment donné, une composition que je crois avoir déjà entendu dans X-MEN : Le Commencement. Etant donné que ces deux métrages ont été réalisés par Matthew Vaughn, ce n’est pas impossible.

En bref :



Si je devais résumer Kingsman, je dirais que c’est un mélange parfait entre James Bond, Mission Impossible et Kick-Ass (réalisé par Matthew Vaughn également).
Une suite qui remplit son contrat, qui étend la mythologie de cette franchise et qui repousse les limites de sa mise en scèneKinsgman : Le Cercle d’or c’est du politiquement incorrect qui s’assume pleinement. Un divertissement incroyablement fun dans la mouvance du premier opus, bien que je garde une légère préférence pour Services Secrets.

Jusqu'à maintenant, que ce soit par la réalisation, le visuel ou même le montage, c'est pour moi l'un des meilleurs films de l'année 2017.

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Alex 

vendredi 13 octobre 2017

Seven Sisters : un thriller d'anticipation surprenant


Note : 3,9/5

Bonjour à tous, il sera aujourd’hui question du film Seven Sisters sorti le 30 août dernier, réalisé par Tommy Wirkola (à ne pas confondre avec Ricola) avec Noomi Rapace, Willem Dafoe et Glenn Close.

Seven Sisters se déroule dans un monde futuriste, en 2073, où la Terre est surpeuplée. Pour remédier à cette crise d’ampleur mondiale, le gouvernement décide d’instaurer une politique d’enfant unique, appliquée de main de fer par le Bureau d’Allocation des Naissances, sous l’égide de Nicolette Cayman. Confronté à la naissance de septuplées, Terrence Settman décide de garder secrète l’existence de ses 7 petites-filles. Confinées dans leur appartement, prénommées d’un jour de la semaine, elles devront chacune leur tour partager une identité unique à l’extérieur, simulant l’existence d’une seule personne : Karen Settman. Si le secret demeure intact des années durant, tout s’effondre le jour où Lundi disparaît mystérieusement…

Si je suis allé voir ce film c’est pour deux choses : Noomi Rapace, qui est une actrice absolument fabuleuse et l’intrigue, qui est plutôt originale pour un film s’apparentant à la science-fiction. Voici mon verdict !


Une intrigue parfaitement ficelée et mise en scène avec brio…


Comme je l’ai laissé sous-entendre précédemment, ce thriller d’anticipation possède une intrigue originale et très intéressante pour une œuvre de science-fiction. Nous ne sommes pas si loin de cette fiction avec la politique de l’enfant unique. Vu le manque de ressources qui se fait de plus en plus sentir, qui dit que nous n’en arriverons pas à là ?
En lisant les quelques lignes du résumé, on sait d’ores et déjà que ce film va poser une réflexion sociétale. Maintenant, l’objectif c’est de voir si cette réflexion est aboutie. Je vous rassure, c’est le cas.

J’ai agréablement été surpris par le prologue qui nous plonge instantanément dans l’histoire. Le contexte est clair et les enjeux sont explicites. L’ellipse de trente ans entre la fin du prologue et le début de la « véritable » intrigue est intéressante dans le sens où elle permet des retours en arrières à différents moments de l’histoire. La plupart du temps il s’agit de moments clés, permettant de « comprendre » les personnalités de chacune des sœurs grâce aux flash-backs qui nous ramènent à leurs enfances.

Après le prologue s’ensuit un développement de l’intrigue très soigné. Mon seul reproche c’est qu’il manque peut-être un développement psychologique un peu plus poussé pour chacune des sœurs. Certaines sont plus développées que d'autres mais ce manque de caractérisation nous empêche de nous attacher à tous les personnages et pour le coup, c’est assez dommage. Pour ma part, je n’ai pas ressenti de l’empathie pour chacune d’elles. Une caractérisation plus forte aurait instauré un sentiment de familiarisation entre les protagonistes et les spectateurs.

Pendant la durée totale du métrage on se laisse prendre par l'histoire et les tournures (imprévisibles) de l''intrigue sont très surprenantes. La fin m'a agréablement surpris. Attendez-vous à un film rythmé et à des renversements inattendus.

D’autre part, un des gros points positifs de cette oeuvre concerne l’écriture habile des personnages. Du début jusqu'à la fin, on notera que chacune des sœurs s’accomplit, se dépasse et/ou dépasse ses peurs. Elles partent d'un point A pour aller jusqu'à un point B. Il y a une évolution concrète et limpide des sept sœurs. Le traitement des personnages est impeccable.

… Qui peut décevoir par quelques facilités scénaristiques


J’ai énormément apprécié ce film car, comme j’ai pu le dire, son histoire est très prenante. Et je trouve ça tellement dommage qu’elle ne soit pas parfaitement bien maîtrisée. En effet, certains points m’ont un peu sorti du film. Rien de bien méchant, soyez rassurés. 

Comme pour beaucoup de films de SF, Seven Sisters comporte quelques facilités scénaristiques un peu gênantes. Mais à la limite, ce n’est pas le plus grave. Non, ce qui m’a vraiment déçu ce sont les petites incohérences qui rendent la situation du personnage totalement impossible. ATTENTION SPOILER : Je pense notamment au passage où l’une des sœurs (je ne me souviens plus de laquelle il s’agit à ce moment) doit sauter de trois étages pour atterrir dans une benne où les ordures sont censées amortir sa chute… sauf qu’il n’y a pas d’ordures à ce moment-là. Et lorsqu’on lui demande si elle se sent capable de courir, elle répond par l’affirmative et elle y va. Je trouve ça un peu limite quand même. [FIN SPOILER] Le film souffre de temps à autre d’un manque de crédibilité, mais rien de trop grave non plus. Certes, cela m’a sorti du film mais l’intrigue m’a très vite replongé dedans. Je serai presque prêt à pardonner aux scénaristes (et au réalisateur) d’avoir commis ces quelques erreurs. 


Des effets spéciaux à couper le souffle…



S’il y a bien une chose qu’il faut retenir du film en dehors de sa thématique, ce sont les prouesses artistiques de l’actrice principale, Noomi Rapace. Celle qui a été révélée au grand public avec la trilogie Millenium incarne sept rôles différents. Son jeu d’actrice est tout bonnement incroyable. On en oublie presque qu’il s’agit d’une seule et même actrice tant sa présence à l’écran (divisé par sept) est étincelante.

Les effets spéciaux sont, eux aussi, sensationnels. Si vous ne le savez pas, Seven Sisters disposait d’un petit budget, mais cela n’empêche que les effets visuels sont réussis. On retrouve, pendant la quasi-totalité du métrage, plusieurs des sœurs dans la même pièce. Admettez que ce n’est pas facile à mettre en place quand il s’agit d’une seule et unique actrice qui tient ces différents rôles. Il a fallu que Noomi Rapace incarne chacun de ces personnages séparément pour qu’au montage, les sœurs Settman apparaissent ensemble à l’écran. Pour cela, tout doit être raccord : la gestuelle, le montage… C’est un sans-faute. Bien sûr, l’on avait déjà affaire à ce genre de prouesses visuelles dans Retour vers le Futur II ou encore, Harry Potter et les Reliques de la Mort – 1ère partie mais dans ces deux films il ne s’agissait que de quelques scènes. Ici, c’est tout le temps

L’aspect visuel rejoint l’ingéniosité des effets spéciaux. C’est époustouflant, ni plus ni moins. Je ne sais plus dans quel pays nous sommes situés mais ce qui est frappant c’est que le côté ville post-apocalyptique est remarquable. Le sentiment de surpopulation est très bien retranscrit. En ce qui me concerne, j’ai ressenti une sensation d’étouffement. C'est aussi grâce au cadrage que cet aspect fonctionne, notamment avec les gros plans. L’utilisation de gros plans sur la population donne l'impression que le monde fourmille d'humains. Si des plans larges avaient été utilisés, il aurait fallu beaucoup plus de figurants et vu le budget, ce n'était pas vraiment possible. Ainsi, la stratégie opérée pour le cadrage fonctionne. Chaque plan sur la ville rend l'univers post-apocalyptique crédible, on y croit.
L'univers est ultra bien développé et l’ambiance du long-métrage est vraiment prenante voire même oppressante.

… Saupoudrés par des scènes d’action fantastiques


Ce thriller de science-fiction mêle aussi de l’action à l’intrigue. Les scènes d'action sont toutes très bien réalisées, particulièrement celles où plusieurs des sœurs se battent dans la même pièce. Cet aspect va de pair avec les prouesses visuelles abordées un peu plus tôt dans l’article. Je précise que ces scènes d’action comportent un côté gore et hard par moment. Cela n’est pas dérangeant, bien au contraire. Cette violence est cohérente avec l’ambiance sombre et chaotique que le cinéaste tente d’imposer à cette œuvre cinématographique. 

Un film moralisateur




Au-delà du simple divertissement, Seven Sisters est avant tout une œuvre moralisatrice qui implique une certaine réflexion sur l’avenir de notre société ; d’où l’aspect « anticipation » du film. Comme j’ai pu le dire en début d’article, il est fort possible que nous en arrivions là.  

À un certain moment de l'histoire, l’un des personnages tient une réplique du genre : « Imaginez si tout le monde était aussi égoïste que votre grand-père en élevant 7 enfants avec toutes les ressources que vous privez aux autres ». Ce fameux personnage n’a pas tout à fait tort en disant cela. À mon sens, toute la réflexion du film s'articule autour de cet aspect. Cela peut paraître simpliste, moi je qualifierai cette morale comme étant subtile. Derrière le divertissement et l’action se tient cette réflexion visant à nous faire prendre conscience que le monde va mal. C’est un peu grossier dit comme ça, mais en gros c’est l’idée ! 


En bref :


Vous l’aurez compris, Seven Sisters est une très belle surprise ! Malgré certaines incohérences et facilités scénaristiques, ce long-métrage reste un excellent divertissement qui vaut la peine d’être vu de par les prouesses artistiques et visuelles qui en résultent. Le questionnement posé sur l’avenir de notre société offre un intérêt supplémentaire de voir le film.
Un scénario intéressant, une Noomi Rapace au meilleur de sa forme et un rythme qui n’offre pas sa place à l’ennui : Seven Sisters est un film que je vous recommande.

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Alex