Note : 3,5/5
Ma dernière critique en date
était celle des Crimes de Grindelwald et après avoir fait mon retour sur
YouTube à travers une vidéo théories sur Avengers : Endgame (que vous
pouvez retrouver >> ICI <<), il était grand temps que je revienne sur le blog !
Il se trouve que le deuxième long-métrage de Jordan Peele, Us (en salle depuis
le 20 mars 2019), après l’excellent Get Out (que j’avais traité >> ICI <<), m’a
suffisamment inspiré pour en faire un article. Vous êtes prêts ? Eh bien
allons-y !
Le proverbe est bien connu, après
un premier succès le plus difficile est de le confirmer avec le film suivant. Ce
deuxième long-métrage était attendu au tournant. La première chose que je souhaite dire à propos de Us c’est
qu’il ne s’agit pas d’un film d’horreur habituel avec des jump scare à tout va… Ce film est davantage angoissant
qu’horrifique. Et l’angoisse de Us résulte bien sûr dans la situation
malaisante – si je puis dire – dans laquelle les personnages principaux se
retrouvent. On ne peut s’empêcher de nous imaginer à leur place, nous demandant
comment nous réagirions et c’est de là que naît tout le malaise et toute
l’angoisse que propose Us. Finalement, c’est un peu comme dans Get Out à ceci
près qu’au travers de ce premier film, nous pouvions sursauter et avoir
« vraiment » peur. Jordan Peele a souhaité ici traiter une toute
autre forme de peur. Cela est totalement réussi – à mon sens – et je pense que
le cinéaste est l’avenir du genre horrifique. Dans ma critique sur Get Out,
j’avais précisé que le réalisateur jouait avec les codes du film d’horreur
traditionnel en les réactualisant pour nous surprendre. Il en sera de même ici.
Cette critique comportera
quelques spoilers, d’un point de vue analytique car l’intrigue repose sur
plusieurs niveaux d’analyses qui me semble important à traiter. D’autre part,
il paraît compliqué pour un film comme celui-ci de le critiquer sans ne rien
dévoiler.
Synopsis : De retour dans sa maison d’enfance, à Santa
Cruz sur la côte Californienne, Adelaïde Wilson a décidé de passer des vacances
de rêves avec son mari Gabe et leurs deux enfants : Zora et Jason. Un
traumatisme aussi mystérieux qu’irrésolu refait surface suite à une série
d’étranges coïncidences qui déclenchent la paranoïa de cette mère de famille de
plus en plus persuadée qu’un terrible malheur va s’abattre sur ceux qu’elle
aime. Après une journée tendue à la plage avec leurs amis les Tyler, les Wilson
rentrent enfin à la maison où ils découvrent quatre personnes se tenant la main
dans leur allée. Ils vont alors affronter le plus terrifiant et inattendu des
adversaires : leurs propres doubles.
Get Out traitait du racisme, ici
il sera plutôt question d’une satyre de l’American
Dream à travers la famille blanche qui possède tout, vivant dans une
superficialité évidente sans pour autant être réellement heureuse. Outre le
concept du doppelganger, selon moi Us traite également en grande partie de la
« peur » de l’Autre, de l’étranger, du fait que nous soyons notre
propre ennemi – comme si les doubles représentaient une autre facette de
notre personnalité. Us est aussi une critique sociale avec pour thème la lutte des
classes. Très grossièrement, les humains lambdas qui vivent « en
haut » seraient les riches tandis que les doubles, qui viennent donc
« d’en bas » (cette hiérarchisation fait bien évidemment référence
aux différentes classes sociales) seraient les pauvres.
Une fois ce niveau
d’analyse acquis, le fait que Red (c’est ainsi que nous nommerons les doubles
puisqu’ils sont vêtus de rouge) ai prit la place de la véritable Adélaïde
lorsqu’elles n’étaient qu’enfants peut donc faire écho à un changement de
classe sociale. Red est passé de la pauvreté à la richesse et inversement pour
Adélaïde qui souhaite donc reprendre sa place en montrant au reste du monde
qu’elle-même ainsi que les autres doubles existent et que nous devons en avoir
conscience. Peut-être que je me trompe, mais le message véhiculé par Jordan
Peele est celui de la lutte des classes sociales afin de faire évoluer les
choses, de faire entendre la voix de la classe moyenne – d’une certaine
manière.
Libre à chacun d’interpréter ce
qu’il voit à l’écran. Pour ma part, après avoir longuement réfléchi sur ce
long-métrage voilà ce que j’en ai déduit. Je ne dis pas que mon interprétation
est la seule qui puisse être valable mais je l’estime légitime. La complexité
de Us, celle qui fait que nous ne sachions pas quoi penser juste après l’avoir
vu est justement dû aux nombreuses thématiques imbriquées au sein de la thématique
principale. En cela, je trouve ce thriller novateur dans la mesure où le
réalisateur n’a pas tenté de faire un Get Out bis. Cependant, il vous faudra
sûrement plusieurs heures voire plusieurs jours pour vous forger un avis
concret sur ce film. De mon côté, lorsque je suis sorti de la salle de cinéma –
bien qu’ayant apprécié le long-métrage – j’ai eu quelques difficultés à savoir
quoi réellement en penser.
Tout comme Get Out, ce thriller
possède – bien que je ne sache pas s’il s’agit du terme adéquat – de nombreux
présages de ce qui va se dérouler un peu plus tard. Plusieurs choses me
viennent en tête : parlons déjà des lapins. Toute la séquence qui compose
le générique est un plan où la caméra ne cesse de reculer pour que nous ayons
une vue d’ensemble sur tous les lapins en cage. Mais pourquoi des lapins ?
Si je ne dis pas de bêtise, les lapins sont les premiers animaux à avoir pu
être cloné. Du coup, quand on apprend un peu plus tard dans le film que tous
les humains ont été cloné par le gouvernement (en fait, on ne sait pas trop
pourquoi ni comment mais là n’est pas le propos du film) on comprend alors
l’utilisation des lapins lors du générique de début. L’autre élément qui me
vient en tête est le t-shirt « Thriller » de Michael Jackson que la
petite Adélaïde porte en début de film. De manière subtile, ce t-shirt annonce
l’invasion des doubles façon zombies (puisqu’ils n’ont aucune conscience). On
peut également noter le passage, si vous vous en rappelez, où la famille arrive
sur la plage. Ils sont filmés de haut (en plongée il me semble), ce qui nous
permet de voir leurs ombres. Là encore, les ombres annoncent l’arrivée des
doubles. Dans le même genre, nous avons un plan – lorsque la famille d’Adélaïde
est arrivée dans la maison de vacances – où la mère de famille est allongée sur
le canapé. Elle observe la table basse où elle y aperçoit une araignée…. A côté
d’une statue d’araignée. Pas besoin d’en dire plus, vous avez compris le fond
de ma pensée. Les moindres détails sont
importants, même ceux qui nous paraissent anodins. Tout comme ça pouvait l’être dans Get Out.
On retrouve donc de
nombreuses similitudes avec la précédente réalisation de Jordan Peele, faisant
de cela sa marque de fabrique. D’emblée, on sent Jordan Peele impatient
d’installer ses personnages et surtout d’installer une ambiance forte dans
laquelle ils vont évoluer. Le cinéaste prend son temps pour poser son histoire,
son contexte, ses motifs et enjeux horrifiques puis petit à petit et par
paliers progressifs, Peele commence à élaborer sa mythologie horrifique avant
de procéder comme sur Get Out, et de laisser son film vriller vers
une épouvante proche du surréalisme.
J’ai dit un peu plus tôt que l’angoisse occupe une place prépondérante au sein de ce film.
Cette angoisse ne se ressent pas uniquement par l’ambiance qui se dégage du
long-métrage mais aussi pour la façon dont il est filmé. A de nombreuses
reprises on constate que certaines scènes ou certains plans sont tournés de
manière très originales, d’une façon vraiment pas anodine. Cette manière de
tourner rend les choses encore plus malaisante et nous plonge d’autant plus
dans l’angoisse. La musique aide grandement à y contribuer aussi. A titre
d’exemple, la scène que j’ai mentionnée un peu plus haut (celle où ils
arrivent sur la plage avec leurs ombres bien visibles derrière eux) est
accompagnée d’une musique assez particulière. Dans un contexte tel que celui où
ils viennent d’arriver en vacances, on se rend rapidement compte qu’il y a
quelque chose de pas normal. Depuis le début donc, nous ne pouvons être à
l’aise car nous comprenons qu’une chose mystérieuse se trame.
Autre élément important : le cinéaste use de références à la pelle
nous donnant même l’impression de nous retrouver dans un épisode de la Quatrième
Dimension (pour ceux qui ont connu cette série), ce qui n’est aucunement un
reproche. Côté thriller fantastique, nous sommes totalement servis avec une
Lupita Nyong’o extraordinaire en figure de tension. Et puis il y a ce
magnifique travail sur la photographie de Mike Gioulakis et la partition musicale de
Michael Abels dont chaque note appuie remarquablement l’atmosphère glauque du
film. Et tant que nous y sommes sur la musique, je tiens juste à dire que le
« combat final » entre Red et Adélaïde est époustouflant et
incroyable grâce aussi à la bande-originale (et à la chorégraphie génialissime).
La soundtrack de Us est d’ailleurs la MEILLEURE soundtrack d’un film d’horreur
que j’ai pu entendre ces dernières années. Vraiment, je vous invite à
aller écouter la bande-originale qui est des plus mémorable.
Néanmoins je dois tout de même reconnaître que Us n’est pas exempt de
défauts. Ce que je peux lui reprocher en premier lieu c’est l’utilisation
beaucoup trop excessive et dédramatisante de l’humour. Autant je trouvais les
touches humoristiques de Get Out réussi (visant bien sûr à nous rassurer, ce que
Jordan Peele tente de réitérer dans Us) autant ici, cela fait un peu too much. Le film aurait gagné à être
davantage angoissant s’il n’y avait pas eu ce surplus d’humour. Dommage.
Enfin, l’autre défaut – et sans doute le plus important – résulte d’un
problème d’écriture en ce qui concerne le troisième et dernier acte du film. Il
s’agit d’un parti-pris évidemment, mais Peele entre beaucoup trop dans la « sur-explication »
sans pour autant aller jusqu’au bout des choses – ce que peut être frustrant et
qui peut en décevoir plus d’un.
Le casting est tout
bonnement magnifique, comme j’ai pu le dire Lupita Nyong’o crève l’écran et
Winston Duke (que j’ai découvert dans Black Panther) incarne ses personnages à
la perfection. Us est un film angoissant – mais pas autant qu’il aurait dû l’être
– et oppressant. Comme pour Get Out, c’est une grosse gifle que je me suis
prise.
Ce n’est pas facile de se
faire un nom à Hollywood et encore moins dès son premier long-métrage. Mais il
aura suffi d’un Get Out à Jordan Peele pour que le public, comme la critique,
retiennent le sien. Désormais, le voilà avec une réputation précoce à défendre,
obligé de montrer qu’il ne s’agissait pas de la fameuse chance du débutant.
Assiste-t-on à la naissance d’un nouveau maître d’horreur ? J’ai essayé de
vous donner la réponse à travers cette critique ! En termes de préférence j’opterai
pour Get Out. Toutefois, Us est un thriller que je conseille à tous, y compris
aux non-amateurs du genre.
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Alex