Chers
lecteurs, chères lectrices, si vous suivez un temps soit peu mon travail, vous
connaissez (certainement) mon amour pour l’Univers Marvel (et pas seulement
celui de Marvel Studios). Tout naturellement donc, il sera question aujourd’hui
du long-métrage Venom réalisé par Ruben Fleischer – à qui l’on doit également
le très réussi Bienvenue à Zombieland – amenant un casting de renom : Tom
Hardy, Michelle Williams ou encore, Riz Ahmed.
Tout d’abord envisagé comme un spin-off du Spider-Man 3 de Sam Raimi (dans lequel apparaissait le Symbiote extraterrestre), aujourd’hui Venom est le fer de lance d’un nouvel univers partagé. Dès lors, ce film a la lourde tâche de porter à l’écran l’un des plus célèbres adversaires de Spider-Man dans un univers partagé où le Tisseur de toiles n’existe tout simplement pas – ce dernier ayant été prêté à Marvel Studios afin d’intégrer la bande des Avengers. Si l’idée de porter ce personnage à l’écran sans son ennemi juré (Spidey) peut sembler dénuée d’intérêt, une étude de personnage sur un super-vilain pourrait fonctionner en solo. C’est en tout cas ce qu’a essayé de faire Sony. Je préfère vous le dire tout de suite : oui, ce film m’a énormément déçu. Est-il raté pour autant ? Oui et non.
De manière générale, ce long-métrage n’est pas désagréable à regarder mais, il comporte de nombreux défauts. Commençons donc par son écriture fainéante. Oui, la non-rencontre entre le Symbiote et Peter Parker est totalement assumée par le film. En effet, au regard de questions de droits et de studios dont les décisions retombent, on peut comprendre que chaque adaptation doit systématiquement renoncer à une partie du vaste univers comics.Pour autant, une adaptation ne doit pas être un prétexte au jemenfoutisme total. Je m’explique : hormis le fait d’avoir Eddie Brock – un journaliste déchu (pour avoir trop bien fait son job alors qu’à l’origine, ce n’est pas pour cette raison qu’il est sensé l’être) et un Symbiote d’origine extraterrestre, tout le reste ne colle absolument pas à ce qui fait l’intérêt même du personnage. Non seulement le personnage de Brock est beaucoup trop éloigné de son homologue du comics mais ses motivations sont – elles aussi – totalement incohérentes quant au fait « d’accepter » la symbiose avec Venom. Vous l’aurez compris, l’écriture globale du film est ratée et bien trop banale. Bien entendu, je ne peux pas entrer dans les détails au risque de vous spoiler mais dites-vous que l’écriture est tellement peu recherchée que certains dialogues ou que certaines scènes sont prévisibles bien avant qu’elles n'arrivent. Nous ne sommes donc surpris à aucun moment. Mais soyez rassuré, le film se laisse quand même regarder et reste plus appréciable que Suicide Squad(coucou DC).
Mais, paradoxalement, la symbiose
et l’alchimie entre Venom et son hôte fonctionne à merveille. Alors oui, cela
est davantage tourné vers l’humour. Reste que la relation entre les deux est
très réussie. Ce qui est dommage en revanche, c’est le non-respect du personnage.
De anti-héros, Venom devient un héros. Je peux comprendre que Sony veuille
proposer Venom comme axe central de son nouvel univers – en remplacement du
Tisseur – dans une démarche d’atténuation du côté « méchant » du
personnage, ce qui rappellera le traitement d’un certain Deadshot dans Suicide
Squad. Néanmoins, je tiens à souligner que le personnage de Venom n’a pas été
si aseptisé que ça (même s’il reste très lisse). Un Rated R n’aurait pas été de
trop, je vous l'accorde, mais dans l’ensemble, le Symbiote est plutôt violent (mais cette violence est beaucoup trop censurée) et ses motivations
ne sont pas toujours héroïques – sauf lorsqu’il décide subitement de sauver les
Terriens alors que cinq minutes plus tôt, il semblait « triste » pour
Eddie de devoir « tuer ce monde ». Ce qui nous amène à l’autre gros
problème du film : son rythme et – de surcroît – son montage.
Pas besoin d’être un expert pour
comprendre et voir que le montage a été charcuté. Personnellement, j’ai trouvé
le rythme vraiment horrible. Tantôt lent, tantôt rapide, le récit perd en
qualité, lui retirant toute la dimension psychologique des personnages. Mais
bizarrement, Si l’exposition est plutôt intéressante et prend son temps pour
nous présenter Eddie Brock, la fin s’accélère soudainement pour finir dans le
très banal « combat final avec le grand méchant ». J’ai eu l’impression
d’être devant un jeu vidéo tant la construction du récit jusqu’à ce moment-là
est similaire. Ce combat final n’a d’ailleurs rien d’impressionnant et se déroule
beaucoup trop vite. On assiste ensuite à une ouverture inévitable pour une
suite (qui verra certainement le jour aux vues des résultats de cet opus au
box-office).
Du côté de la direction d’acteurs,
Tom Hardy – de par son charisme – est excellent. C’est d’ailleurs son
interprétation qui m’a permis de rester accrocher jusqu’à la fin du métrage.
Malheureusement, il semble être le seul acteur à être pleinement investi.
Riz
Ahmed n’est pas mauvais, mais il est totalement inintéressant en tant qu’antagoniste.
La faute à la paresse d’écriture de son personnage et de ses décisions
stupides. Le souci de montage joue aussi un rôle majeur : il n’est pas
assez travaillé (du moins, dans ce montage final), pas suffisamment exploité et
trop peu présent pour présenter de véritables enjeux. Quant au personnage de Michelle
Williams – la petite amie - , il est tout simplement inconsistant. A noter
aussi que la sous-intrigue de Riot (un autre Symbiote) qui traverse tout le
pays est inutile. L’antagoniste se fait infecter et contrôler beaucoup trop
rapidement et sans aucune difficulté alors qu’avant de ne faire qu’un avec Riot,
tous les cobayes de Drake mourraient pour manque de compatibilité avec les Symbiotes
mais comme par magie, il n’y aucun souci avec lui (pareil pour Venom avec Tom
Hardy ceci dit).
Visuellement, le film est – pour le
coup – réussi. La créature est fidèle à ce que les comics ont apporté (même si
je dois reconnaître que Riot est beaucoup moins réussi que Venom…). Certaines
scènes sont géniales. Je pense notamment à une course poursuite entre Eddie
Brock/Venom à moto avec les hommes envoyés par Drake. Cette scène est un régal
et c’est l’une des rares que je retiens et dont je me souviens parfaitement.
Pour le reste, le film en devient simplement quelconque. Ce n’est pas mauvais
mais ce n’est pas révolutionnaire non plus.
Je ne sais pas si je suis le seul
à avoir eu cette impression mais il y a un élément qui n’aide pas vraiment à
relativiser à tous les problèmes déjà cités : la sensation que le film ne
sait pas vraiment sur quel pied danser. Le début du métrage se veut sombre,
lorsqu’Eddie découvre les Symbiotes, le film se veut angoissant puis… Venom
devient une comédie. Même si l’humour est vraiment réussi, ce n’est pas ce qu’on
attend d’un film comme celui-ci. Alors c’est bien beau de nous proposer un film
fun, drôle… Mais ça, c’est tout sauf Venom…
Pour conclure, cette production
signée Sony Pictures aurait gagné à être mille fois mieux s’il n’avait pas été
destiné au grand public. Le manque de violence et de sang est en partie dû au
public auquel le fait s’adresse. Si Sony compte réellement lancer un univers
partagé en partant de là, il va falloir corriger le tir très très vite. Non, le
film n’est pas totalement raté mais cela ne veut pas dire que c’est une
réussite. Parti d’une idée assez discutable, mais qui réussi avec brio à s'émanciper du Tisseur de toiles,le film propose un anti-héros trop
édulcoré, trop éloigné de son support initial avec un gros problème au niveau
du montage et de l’écriture. Pour le reste, on notera la présence d’un humour
plutôt fun et réussi ainsi que d’une prestation magistrale de Tom Hardy. Venom est donc un film assez moyen qui se contente de faire le strict minimum. Cette superproduction a énormément de potentiel qui a été beaucoup trop mal exploité. Tout n'est pas à jeter, bien évidemment, mais le film manque beaucoup trop de développement pour être un bon long-métrage.
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Après un long moment d’absence,
me voilà de retour ! Et pour marquer le coup, j’ai décidé de m’attaquer à
une franchise qui compte à son bord pas moins de neuf films (je ne prends pas
en compte les deux volets sur Deadpool
qui ne feront pas l’objet de cette rétrospective) : X-MEN. Considérez ce récap' comme un dossier, celui-ci se
manifestera par plusieurs petits articles qui forment un tout. Ainsi, la première
partie de cette rétrospective sera consacré à la première trilogie qui – comme
son nom l’indique – est composée des trois premiers volets, sortis respectivement
entre 2000 et 2006. Dans ce dossier il sera question d’aborder les thèmes
sociétaux que la franchise tente de mettre en avant, les problèmes que
rencontre la saga au fil des épisodes et il sera surtout question de traiter de
son évolution (est-elle bonne ? mauvaise ? Pour quelle(s) raison(s) ?).
Avant toute chose, j’aimerai dire
que ce qui est particulièrement
intéressant avec cette saga, au-delà de toute considération esthétique, c’est
combien ces films sont représentatifs de l’inventivité et de la richesse de
tout un pan de la production hollywoodienne. En effet, alors même que beaucoup ne
voient dans le cinéma commercial américain qu’un « mauvais objet
culturel » abrutissant et sans intérêt, il me semble que des œuvres comme
les X-Men expriment justement bien la complexité d’un grand nombre
de ces films qui, derrière leur apparence de blockbusters et de divertissement un peu simplistes, n’en
demeurent pas moins de passionnantes réflexions sur les questions
sociopolitiques qui agitent nos sociétés. Les X-Men, au-delà de
leur dimension spectaculaire et distrayante, proposent en effet une réflexion
très pertinente sur la question de l’Autre dans la société d’aujourd’hui, mais
aussi une nouvelle façon d’aborder la question de l’altérité dans le cinéma
hollywoodien – ce que peu de spectateurs ont su voir.
Dès lors, il me semble pertinent de commencer à analyser cette franchise
par ordre chronologique des sorties de films. Commençons donc !
X-MEN, ça parle de quoi ?
L’action du premier opus se
déroule à New York et met en scène un monde semblable au nôtre mais situé dans
un avenir proche, dans lequel existent des Mutants, c’est-à-dire des êtres en
apparence humaines mais dotés de super-pouvoirs. Le Sénateur Kelly, un homme
politique visiblement raciste, veut faire adopter une loi visant à ficher et à
contrôler les Mutants dont une part croissante de la population humaine se
méfie de plus en plus. Face à cette répression grandissante, les Mutants
adoptent deux positions antagonistes : Magneto, rescapé des camps
d’extermination nazis étant enfant, voit dans cette loi – qui lui en rappelle
une autre – une menace sérieuse pour les Mutants qu’il considère comme
l’avenir du monde. Il décide donc de mener une guerre sans merci contre Kelly
et les humains. Face à lui, son vieil ami, le professeur Xavier, tente lui
d’apaiser les choses et de promouvoir une collaboration harmonieuse entre
Mutants et humains. Il a créé pour cela une école spécialisée pour
« surdoués » (en fait, pour Mutants) et une équipe de choc, les
X-Men, pour contrecarrer les plans de Magneto.
X-Men 2 fonctionne considérablement
sur le même schéma scénaristique puisqu’un humain du nom de Stryker veut à son
tour exterminer tous les Mutants auxquels il voue une haine féroce. Pour le
combattre Xavier et Magneto vont momentanément faire alliance. Enfin, dans le
troisième opus, X-Men l’affrontementfinal, qui se
déroule essentiellement à San Francisco, les humains ont mis au point un remède
permettant aux Mutants de devenir « normaux » ce qui déclenche la fureur
de Magneto et une guerre féroce entre sa confrérie de Mutants suprématistes et
les humains aidés des X-Men.
Rien qu’avec la lecture de ces
synopsis, on devine très rapidement que ce qui fait la richesse de ces films, c’est
qu’ils réutilisent tous les grands thèmes liés à l’altérité : la question
juive, l’homosexualité (je reviendrai dessus un peu plus tard), le problème
noir, le regard que l’on porte sur les handicapés physiques, sur les malades du
sida, ou encore sur les étrangers. Avec une certaine habileté, les auteurs ont
opéré une sorte de mélange pour signifier la différence des Mutants et rendre
leur vécu si consistant. Autrement dit, les Mutants des X-Men renverront
pour chacun de nous à une forme d’altérité – l’homosexualité pour les uns,
l’altérité raciale pour les autres – qui dévoilera un sous-texte totalement
cohérent. Je tiens également à ajouter que c’est ce sous-texte intelligemment utilisé
qui m’a fait apprécier cette franchise.
En visionnant de nouveau les
films (dans l’optique de rédiger ce dossier), j’ai remarqué une chose qui ne m’avait
pas sauté aux yeux auparavant – bien que cela semble limpide une fois que nous
l’observons : l’opposition entre Magneto, le radical, et Xavier, le
modéré, fait évidemment référence à l’opposition entre Malcolm X et Martin
Luther King. Bien sûr, pour éviter de dire des bêtises je me suis tout de même
renseigné sur le comics et il se trouve que la BD est parue en 1963, quelques
jours avant la grande Marche sur Washington qui symbolise l’apothéose de la
lutte pour les droits civiques. Il ne fait aucun doute que les auteurs – Stan
Lee et Jack Kirby – se sont inspirés de l’actualité politique du moment. Ainsi
Magneto, qui considère les Mutants comme une race supérieure, préconise le
recours à la violence contre les humains-oppresseurs tandis que le professeur
Xavier, pacifiste et humaniste, encourage, lui, la coopération et l’entente
cordiale avec les humains. Par ailleurs, nombreuses sont les autres allusions à
l’histoire des Noirs américains ; par exemple X2 s’ouvre
sur une scène durant laquelle un guide promène des visiteurs dans la Maison
Blanche puis s’arrête devant le portrait de Lincoln avant de réciter un extrait
de son discours inaugural prononcé en 1860 à la veille de la guerre civile. Quelques secondes plus tard, un plan nous
montre l’effigie de Kennedy devant lequel apparaît un Mutant téléporteur qui va
tenter d’assassiner le président des Etats-Unis au cri de ralliement « Mutant
freedom now », qui rappelle l’un des mots d’ordre de la lutte pour les
droits civiques.
Au sein de ces trois films, nous
retrouvons également une autre référence – tout aussi explicite : l’antisémitisme
et, par extension, la Shoah. Le premier opus de la trilogie s’ouvre en effet
sur une scène de déportation située en Pologne en 1944. C’est là que Magneto,
enfant, découvre son pouvoir, celui de déplacer les métaux par la pensée. Aussi, l’ombre de l’extermination des Juifs durant la Deuxième Guerre mondiale sera au
cœur de la saga. Par exemple quand le sénateur Kelly ou William Stryker
projettent de localiser et de ficher tous les Mutants, on ne peut s’empêcher de
penser aux mesures juives prises sous l’Occupation et au port de l’étoile
jaune. D’ailleurs toute la haine de Magneto pour la race humaine vient de ce
qu’il n’a pas pardonné aux humains (ou plutôt aux nazis) d’avoir déporté et
assassiné ses parents. Cela n’est jamais vraiment dit, mais toujours suggéré.
Dans le troisième volet par exemple, il évoque, devant une foule de Mutants en
colère, le sort que les humains leur réservent en employant des termes comme
« rafles » et « génocide » avant de découvrir son
avant-bras sur lequel est tatoué un numéro de déporté. D’autres moments
viendront nous rappeler ce moment tragique de l’Histoire des Hommes :
quand
on apprend par exemple qu’il a effectué des expériences médicales sur les Mutants (en
premier lieu sur son fils mais aussi sur Wolverine) qui rappellent là encore
les expériences faites par des médecins nazis sur les prisonniers juifs. Que ce soit Kelly ou Stryker, les deux « grands
méchants » de Singer nous sont dépeints comme des racistes étroitement proches
des fascistes.
A noter également que l’altérité
des Mutants est souvent associée à celle des homosexuels. La scène la plus
explicite est celle du « coming out » de Bobby
(Iceberg) dans X2 et à la réaction embarrassée de sa famille :
sa mère, mal à l’aise et maladroite, qui lui demande : « tu as essayé
de ne pas être un mutant ? » tandis que son frère s’empresse
d’appeler la police.
Il est d’ailleurs intéressant de constater que c’est à
l’adolescence que les sujets prennent conscience de leur pouvoir et de leur
identité de Mutant. Or, ce qui définit l’adolescence c’est précisément l’éveil à
la sexualité et la transformation du corps qui l’accompagne. Dans X-Menl’affrontement
final, l’allusion crypto-gay est encore plus flagrante à travers le
personnage de Warren (Angel) qui découvre adolescent sa nature de Mutant (via
les ailes naissantes qui lui poussent dans le dos) et refuse sa différence de
peur de décevoir ses parents (il se les arrache en cachette dans la salle de
bain). Par la suite il prendra littéralement son « envol » du nid
familial pour assumer pleinement son identité de Mutant.
D’autres métaphores peuvent par
ailleurs être repérées par-ci par-là, comme les références à la maladie (avec
le « remède » de X3) et plus particulièrement au sida
(Malicia qui tue en embrassant ses petits copains), références encore aux
étrangers (Kurt Wagner et son fort accent allemand) ou aux handicapés (Xavier
est paraplégique, Cyclope est aveuglé sans ses lunettes).
Nous l’avons vu, les « vrais
méchants » ici ce sont les humains, les gens « normaux »
dépeints comme des intolérants (manifestations anti-Mutants à la télé, parents
incompréhensifs au point de détruire leurs enfants, politicards
proto-fascistes). Certains sont même foncièrement détestables (Kelly, Stryker),
davantage encore, que l’antagoniste principal de la trilogie : Magneto. Et
c’est là que le discours s’avère plus nuancé qu’il n’y paraît. Singer semble
fasciné, autant que nous, par la figure de Magneto qui a de très bonnes raisons
d’en vouloir à la terre entière. D’ailleurs il n’a pas toujours tort de se
méfier comme de la peste des humains. Rappelons aussi que Xavier et lui se
respectent profondément et se considèrent toujours, malgré leurs différents,
comme de « vieux amis ». Ils luttent tous deux pour les droits des
Mutants et illustrent en fait les deux facettes d’une même pièce, incarnant
deux stratégies plus ou moins efficaces selon les circonstances.
Voilà pour la partie analyse.
Venons-en maintenant à l’aspect critique : qui sera beaucoup moins longue,
rassurez-vous.
Beaucoup
jugent le troisième volet mauvais, à tort ou à raison. La
force des deux premiers opus est qu’ils étaient des blockbusters déguisés en
films d’auteur. Evidemment l’action était présente, mais X-Men et X2 mettaient
en avant tous les éléments que nous avons traité plus tôt, illustrant la
discrimination des humains vis-à-vis des mutants et la lutte de ces derniers,
divisés en deux factions, les X-Men d’un côté et la Confrérie des Mutants de
l’autre. Mais avec X-Men 3, et vous
ne pouvez qu’être d’accord, le cinéaste – Brett Ratner – n’a aucunement eu l’intention de faire transparaître un quelconque propos au travers de son film.
Là où Singer marquait ses films
de sa patte d’auteur, Ratner s’impose en faiseur sans thématique ni esthétique
particulière. En ce qui concerne la très grande majorité du film, le
réalisateur s’efface derrière l’esthétique instaurée par son prédécesseur. Il
s’efface également derrière le
travail établi dans le matériau originel. Effectivement, ce dernier opus est
sans doute celui qui puise le plus dans sa source. Qu’il s’agisse
d’arcs scénaristiques connus (Dark Phoenix, le remède contre le gène mutant, la
perte des pouvoirs de certains protagonistes) ou bien de clins d’œil (la Salle
des Dangers, pour ne citer qu’elle), tout provient de la BD. X-Men
3 tente – maladroitement – la double tâche de boucler toutes
les pistes ouvertes par les précédents volets et de glisser toutes les
références manquantes. D’un point de vue narratif, le film se situe quelque
part entre les deux opus. A l’image d’X-Men, il est relativement court
et s'aventure sur quelques chemins qui auraient mérité d’être explorés plus
avant, tout en laissant l'action guider l'histoire, comme le faisait X2.
N’ayant jamais su quoi faire de son personnage, la franchise victimise une fois
de plus ce pauvre Cyclope qui aurait pourtant pu voir son rôle enfin exploité
si le Phénix avait bénéficié d’un film à lui tout seul. X-Men – L’Affrontement
final veut trop en faire en étant forcé dans sa place, limitée,
de dernier épisode de la trilogie.
X-Men : L'affrontement finalest trop plein et trop vide, trop ambitieux et trop grossier à la fois. La première cause est évidente : entremêler les arcs du Phénix noir et du vaccin est un choix discutable, la métamorphose de Jean Grey étant un moment grandiose et adoré par les fans. Vous l’aurez constaté, le film n'arrive pas à trouver un équilibre entre les deux intrigues, et n'hésite pas à simplifier pour rafistoler le scénario. Scénario qui prend en plus la peine de mener des intrigues parallèles encombrantes, comme le triangle amoureux avec Malicia, Kitty et Bobby. Les personnages ont aussi souffert dans ce film, à l'exception d'un Wolverine si présent (et bien trop sage) qu'on croirait être dans un film solo avec les autres X-Men en figurants. Cyclope est évacué bien vite, le Fléau est ridicule, et Angel totalement anecdotique. De manière plus générale, le film manque clairement d’une réelle identité. Que Bryan Singer reprenne la main sur Days of Future Past (sur lequel nous reviendrons dans une autre partie de ce dossier) où il efface lui aussi des personnages iconiques, ne mettra que mieux en valeur l'incapacité de Ratner à aimer et rendre justice au matériau.
Pour ma part, il s'agit de l'opus que j'apprécie le moins. Mais tout n'est pas à jeter dans ce film, loin de là. En effet, bien que l'action ai été bien plus mis en avant au profit du scénario, L'affrontement final propose certaines choses assez osées et plaisantes à voir dans un film de super-héros. Car oui, enfin nous avons l'un des protagonistes principaux assassiné de sang-froid. Le « meurtre » du Professeur X est inattendu, violent et est essentiel pour la suite du scénario. Je me souviens avoir été particulièrement choqué par cette scène tant je ne m'y attendais pas. Pour moi, aucun héros ne pouvait mourir. Ce film manque d'identité comme j'ai pu le dire, mais concernant cette scène-là, tout est parfait : la tension, la musique, les effets visuels, le montage parallèle entre les combats de Wolverine et Tornade contre deux des mutants de la Confrérie de Magneto... Cette scène est LA scène du film et il mérite d'être visionné rien que pour cela. La chose que je regrette par contre, c'est que cette mort n'aura finalement servi à rien puisque dans la suite de la franchise, Charles Xavier sera à nouveau en vie et, tenez-vous bien, sans aucune explication. J'en parlerai plus en détails dans la suite de ce dossier (lorsque nous en arriverons à Days of Future Past) mais ce qui me désole c'est que les œuvres de cette saga semblent davantage appartenir au public plutôt qu'aux réalisateurs, scénaristes et consorts. Cet opus étant l'un des plus dénigré, les films suivants (à quelques exceptions près) feront en sorte d'effacer ou, tout simplement, de ne pas prendre en compte ce X-Men 3. Ce que je trouve particulièrement idiot. Certes vous n'aimez pas, mais c'est comme ça. C'est comme ceux qui ont détesté The Last Jedi. Vous n'avez pas apprécié mais vous devez accepter le film comme faisant partie intégrante de la franchise, un point c'est tout. Et le fait que l'équipe de ces différents métrages aient préféré écouter le public plutôt que, pardonnez-moi du terme, porter leurs couilles c'est juste scandaleux car cela signifie qu'ils n'assument pas leur travail. Personnellement je n'ai pas tellement aimé L'affrontement Final, mais je ne comprends pas qu'on puisse autant s'acharner dessus. D'autant plus qu'il n'est pas mauvais à 100%. Quand il s'agit d'une saga, l'objectif est d'être fidèle et respectueux des œuvres précédentes, que cela nous plaise ou non. Les gars, vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez quand vous faites un film sur une franchise. Quoi qu'il en soit, au-delà de l’indulgence se révèle une sincère appréciation du produit fini, à savoir un très bon blockbuster.
Notons également que cette trilogie semble
être la seule à être cohérente avec la timeline établie. Nous le verrons, mais
la timeline de cette franchise est bordélique. La faute à X-Men Origins :
Wolverine, First Class et (même s’il est l’un de mes préférés) Days of Future
Past qui instaurent des éléments qui n’étaient pourtant pas présents dans la
première trilogie alors qu’ils s'inscrivent dans la chronologie de cette même trilogie.
De mon côté, concernant cette
trilogie mon film favori est incontestablement X2, pour tout un tas de raison : sa mise en scène, les thèmes
abordés, la scène d’introduction, la scène du « coming out » de
Bobby, le passé de Wolverine qui occupe une place centrale… X-Men 2 est – tous films
confondus – celui qui représente le mieux l’Autre au sein du dispositif
narratif. Une scène du filmévoque parfaitement cette difficulté à être
Autre, celle durant laquelle Diablo confie à Mystique qu’elle a de la chance de
pouvoir endosser toute sorte de personnalités et, ainsi, de pouvoir se faire
passer pour une humaine, ce à quoi elle répond que les Mutants ne devraient pas
avoir à se cacher. On le voit, les X-Men explorent des
problématiques pour le moins complexes et pertinentes, qui plus est, dans une
perspective alternative, autrement dit portées par un regard issu de la marge.
Je vous donne rendez-vous dans
les prochaines semaines pour le reste de ce dossier « Rétrospective ».
J’espère que cette première partie vous aura plu ! N’hésitez pas à me
donner vos retours.
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