Crédit : 6nema.net
Article rédigé avec l'aide de mes amis Loïc Loko et Gaetan Babakidi
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Introduction
La fameuse cérémonie des Oscars, aussi appelée, « Academy Awards », est une prestigieuse
cérémonie, organisée par l’organisme AMPAS (Academy
of Motion Picture Arts and Sciences), se déroulant à Los Angeles depuis
1929, date et lieu où la 1èrecérémonie des Oscars s’est déroulée. De
nombreuses stars du 7ème art y ont rendez-vous chaque année de
manière récurrente, afin d’y recevoir des récompenses cinématographiques
américaines, selon leurs œuvres et performances, mais également à rendre grâce
à l’excellence des productions sur un rang mondial. D'après le site web « Le monde du ciné », 5 dates clés sont à
mettre en évidence, et pourront parfaitement illustrées l’histoire des Oscars
en quelques chiffres.
· 1934 (6ème cérémonie) : Walt Disney est le premier à utiliser le terme
d’« Oscar » pour sa récompense sur Les Trois Petits
Cochons.
· 1968 (40ème cérémonie) :
Retard de deux jours sur la cérémonie, dû à un hommage à Martin Luther
King, tué quelques jours auparavant.
· 1973 (45ème cérémonie) : Marlon
Brando refuse sa récompense pour sa prestation dans Le
Parrain, en vue d’une dénonciation concernant le rôle réservé aux
Indiens d’Amérique du Nord, et envoie une jeune indienne récupérer son oscar,
tout un symbole.
· 1994 (66e cérémonie) : Whoopi Goldberg est la première femme noire à
présenter la cérémonie des Oscars.
· 2008 (80e cérémonie) : Marion Cotillard est la deuxième actrice française
à recevoir l’Oscar de la meilleure actrice.
Il est aujourd’hui
reproché à l’Académie qu’elle souffre d’un manque de représentativité.
L’accusation de
racisme à l’encontre d’Hollywood est dû à la non-nomination d’acteurs
afro-américains, dit noirs, pour la 88ème cérémonie des Oscars. En
effet, tout comme l’année précédente, la liste des acteurs nommés est
exclusivement blanche. De plus, les réseaux sociaux ont enflammé cette
accusation à travers tout le globe, notamment avec l’hashtag #OscarsSoWhite (#LesOscarsSiBlancs), très popularisé sur Twitter, et qui est devenu
également très médiatisé. Néanmoins, cette accusation n’est pas née de la
dernière pluie, puisqu'il s’agit essentiellement d’une accumulation dans la
mesure où, comme je l'ai dit légèrement plus haut, lors de la 87ème
cérémonie, aucuns acteurs afro-américains n’ont été nominés. Le fait que les
acteurs noirs soient absents de la liste des nominés durant 2 années
consécutives à accélérer le processus d’accusation de racisme anti-noir.
D’après
un article de FranceTvInfo datant du 17 janvier 2016, la question d’une Académie blanche, âgée et
masculine se pose. Effectivement, il s’avère que la composition de l’Académie
décidant des nominations serait composée de 94% de blancs dont 77% d’hommes
ainsi que de 86% de membres qui auraient plus de 50 ans. A partir de ces
informations, il est donc compréhensible que de telles accusations puissent
voir le jour. Car si la majorité de l’Académie est blanche, celle-ci pourrait
très bien favoriser les acteurs également blancs. En outre, les tensions
raciales ne se sont jamais réellement estompées, nous pouvons par exemple
aborder les différentes polémiques relatant des policiers d’ethnies blanches
tirant sur des noirs sans motifs valables. Ce genre de polémiques enflamme
d’autant plus la toile et engage beaucoup d’américains à croire que le racisme
est toujours présent, appuyant davantage sur l’accusation que subissent
Hollywood et les Oscars. Pour certains, «Les Oscars [ne seraient] que le miroir déformant et caricatural de notre
société ».
Malgré tout, sans doute pour prouver que cette
accusation n’a pas lieu d’être, le maître de la 88ème cérémonie des
Oscars qui fut choisi est Chris Rock, acteur et humoriste noir américain,
peut-être afin de pallier le manque de représentativité.
L’accusation de racisme envers Hollywood et plus
précisément envers l’Académie des Oscars est une polémique conséquente en vue
des valeurs que représente le septième art, et qui a énormément fait parler
d’elle. De ce fait, le but de cet article est de répondre et comprendre la question suivante : comment différents types de discours
d’ordre sociétales et culturelles ce sont manifestés lors des Oscars ?
I. D’où provient le racisme anti-blanc et pourquoi a-t-il vu le jour ?
1. Origine et provenance de ce racisme anti-blanc
D’un point de
vue culturel, bien
qu’il passe de manière furtive, le racisme anti-blanc est néanmoins
omniprésent, celui-ci prend, en plus d’une dimension
cinématographique, une dimension sociétale. Certains discours sur ce fait se
sont démarqués de différentes manières. Au départ, le racisme anti-blanc était
essentiellement destiné aux individus blancs de souche (c'est-à-dire des
individus nés dans leur pays d’origine dont les parents découlent eux aussi de
la même terre). Par la suite, un autre type de racisme anti-blanc a vu le jour,
notamment celui selon lequel les individus blancs d’une autre nationalité dans
un pays étrangers (par exemple un blanc vivant dans un pays africain) se voient
être aussi victimes de racisme. Il existe également plusieurs types de
déclarations de racisme anti-blanc mentionnés dans l’étude de l’Ined (d’après
Libération),
principalement sur les couples mixes. En quelques chiffres, 55% des
« blancs pur souche » ont déclaré avoir été victime de racisme dans
l’espace public, 37% dans le milieu scolaire et 22% dans le milieu du travail. Cela nous
laisse supposer qu’il y a une sorte de discrimination des blancs dans leurs
pays tout comme lorsqu’ils sont dans les pays étrangers.
Crédit : lesbonnesnews.fr |
Très peu de temps après l’annonce des acteurs et
actrices nominés à la 88ème cérémonie des Oscars, et après avoir
constaté que pour la deuxième année consécutive, aucun acteurs (et actrices)
afro-américains ne font partie de la liste, le réalisateur Spike Lee et
l’actrice Jada Pinkett Smith ont pris la décision de boycotter la cérémonie.
C’est à partir de ce moment-là que la polémique a commencée à prendre de
l’ampleur. Bien entendu, cette décision et perçue comme un symbole fort puisque
le réalisateur s’intéresse très souvent à « la question raciale » dans ses films. D’après le Los Angeles
Times, « si d’autres grandes figures du show-biz rejoignaient le
boycott, cela pourrait gâcher l’événement annuel qui sert de vitrine à
Hollywood », prenant ainsi position pour le boycott. En plus de son
boycott, l’actrice Jada Pinkett Smith a annoncée sur Facebook que non seulement
elle sera absente à la cérémonie, mais qu’elle ne la regardera pas non plus à
la télévision.
Le
mouvement de boycott fait fureur et énormément d’acteurs s’y ajoutent à la
liste. Will Smith, par exemple, soutient sa femme et décide également de ne pas
se rendre à la cérémonie. Ses propos sont les mêmes que les autres acteurs
suivant ce mouvement, à savoir la dénonciation du manque de diversité. L’acteur
de Men In Black se dit
« mal à l’aise face à la perspective de [s’y] rendre et de faire comme si
cette situation était acceptable » (propos relégué sur FranceTvInfo).
Notons également que Will Smith a eu une nomination aux Golden Globes pour le
rôle obtenu dans le film Concussion mais qu’il n’en fut rien concernant la nomination aux Oscars. Par ailleurs, la
liste des acteurs et actrices participant au boycott n’est pas exclusivement
afro-américaine, en effet nous y trouvons également les noms de Michael Moore
et de George Clooney, entre autres. D’ailleurs, ce dernier s’exprime dans le
magazine américain Variety sur
le boulot qui est fait par le jury, mentionnant une régression par rapport à
celui-ci puisque, toujours selon ses dires, les membres de l’Académie faisaient
un bien meilleur travail dix ans auparavant. Lui aussi parle donc d’un manque
de représentativité et trouve cela anormal. Le rappeur américain Snoop Dog
s’ajoute lui aussi au boycott. Il est également important de préciser que même
certains acteurs français sont solidaires avec cette cause puisque Omar Sy,
notamment, à l’affiche du film Chocolat à ce moment-là pense que c’est « un élan dans le bon sens »,
permettant de rééquilibrer les choses.
Ainsi donc,
nous pouvons constater que ce mouvement est accepté par beaucoup de personnes,
certains le trouve même légitime, et nous voyons que même certains acteurs
blancs suivent le mouvement et lui apporte tout leur soutien. Alors pourquoi
parler d’un racisme anti-blanc ? C’est surtout l’actrice Charlotte
Rampling qui a déclenchée cette dimension-là du racisme, à savoir qu’Hollywood
favoriserait non pas un racisme anti-noir, mais plutôt un racisme anti-blanc.
Encore une fois, il faut se dire que, comme vous avez pu le voir dans
l’introduction, les Oscars ne sont que le miroir de notre société. Nous sommes
en 2016 mais le racisme est toujours autant présent, certains profitent donc de
ce genre d’événement pour évoquer des sujets d’ordre sociétales et culturelles,
car si le racisme anti-noir est malheureusement toujours d’actualité, il en est
de même pour le racisme anti-blanc, seulement ce dernier est moins impactant.
2. L’émergence de ce
phénomène
L’actrice
nominée aux Oscars pour son rôle dans 45 ans (Charlotte Rampling), parle d’un racisme anti-blanc
lorsqu’elle s’oppose à l’instauration de quotas. Cette histoire de quotas
pourrait changer les choses et permettre aux acteurs afro-américains d’être
dignement représentés. Seulement, pour C. Rampling, cette instauration de quotas
serait du racisme anti-blanc puisque que cela classerait les gens. En
s’exprimant sur Europe 1, elle
explique tout simplement que peut-être qu’aucuns acteurs noirs « ne
méritaient d’être dans la dernière ligne droite ». Laurent Aknin,
historien du cinéma et journaliste chez Le
Nouvel Obs penche également
vers cet avis. Effectivement, il explique que « les Oscars ne
fonctionnent pas avec des quotas. Il ne s’agit pas de faire de la
discrimination positive ». Pour ce journaliste, la réponse à la question
de manque de représentativité est simple : peut-être que, tout comme l’as
dit Charlotte Rampling, aucuns acteurs noirs n’auraient pu être nommés dans la
mesure où leurs performances n’auraient peut-être pas été aussi marquante que
celles des acteurs nominés à la cérémonie. Ainsi, une nouvelle forme de racisme
est mise en hypothèse, celui du racisme anti-femme. Pour ce journaliste, ce
n’est pas l’absence d’acteurs noirs qui est choquante, mais celle de Charlize
Theron par exemple, alors que le film Mad Max : Fury Road dans lequel elle y figure, a obtenu
dix nominations dans dix catégories différentes. Lorsque l’on parle de racisme
anti-blanc, on peut aussi aborder la polémique Léonardo DiCaprio, acteur à la
filmographie fulgurante et qui n’a pourtant jamais eu d’Oscars jusqu’à
aujourd’hui (dans The
Revenant).
Concernant
les acteurs n’ayant jamais eu d’Oscars, mais qui ont pourtant une filmographie qui tend à porter qu’ils méritaient (et
méritent toujours pour certains) la statuette, nous pouvons citer Brad Pitt,
l’acteur iconique Robert Redford (qui a déjà obtenu un Oscar en tant que
réalisateur et en tant qu’acteur honorifique, il n’a jamais remporté d’Oscars
grâce à l’un de ses rôles) ou encore Clint Eastwood (qui lui aussi n’a jamais
obtenu d’Oscars grâce à l’un de ses rôles). Pourtant, est-ce que des polémiques
et des hashtags ont été créés pour boycotter les Oscars ou pour dénoncer le
manque de représentativité de nombreux talents comme ceux-ci ? La réponse
est non. Mais cela veut-il dire qu’il s’agit d’un racisme anti-blanc ? Pas
sûr non plus.
Le véritable problème c’est que lorsque des
acteurs noirs ont été nommés et/ou ont remportés la statuette (Jamie Foxx,
Halle Berry …), cela a été accueilli comme un événement, comme s’il s’agissait
d’un exploit, alors qu’au final ils sont égaux à d’autres acteurs (qu’ils
soient blancs, asiatiques, indiens ou d’origine maghrébine). Ces nominations ou
ces victoires ne devraient donc pas être considérées comme telles. Là est la
preuve qu’il existe encore un malaise au niveau des tensions raciales, et c’est
peut-être ce type de réaction (fêter la nomination d’un acteur noir comme un
événement incroyable) qui a favorisé le déclenchement de cette polémique. Les
propos comme « racisme anti-blanc » sont également la cause de tout
ceci. Effectivement, si chaque nomination d’acteurs noirs est un événement,
celle d’un acteur blanc passe comme étant inaperçue puisque selon certaines
mentalités, cela est normal qu’un acteur blanc soit nommé. De ce fait, les
non-nominations ou les non-victoires de DiCaprio, Eastwood ou Redford ne sont
pas remises en cause et ne sont pas non plus soutenu par un mouvement de boycott
ou autre, comme si les acteurs noirs étaient finalement favorisés par Hollywood,
plutôt que les acteurs blancs. Il ne s’agit pas ici de jugements, mais de
constatations afin d’essayer de comprendre pourquoi certains pensent qu’il est
question d’un racisme anti-blanc. Tout est mis en œuvre, ici-même, pour tenter
de comprendre d’où viennent ses propos, et nous comprenons dès lors que ces
propos sont fondés.
Pour comprendre de quelle façon a été créé le
cinéma afro-américain, il est important d’évoquer et de revenir sur l’histoire
des Etats-Unis à travers le septième art.
II. Les liens présents dans le discours racial anti-noir dans le septième art, et dans la société
1. L’exclusion de la classe sociale afro-américaine
D’un point de vue sociétal, il est
nécessaire de se rappeler dans quel contexte est apparu ce discours anti-noir.
Le fait majeur de ce système, quelque peu anti-noir, a fait ses débuts en même
temps que la naissance de la ségrégation américaine, en 1896. Il est observable
que la mise en place de ce phénomène de société fut qu’une confirmation car, en
1865, après l’abolition de l’esclavage, prononcé en 1862, plusieurs codes noirs
ont été créés dans le but de réduire et limiter les droits civiques des noirs américains.
Grâce à cela, on ne peut s'empêcher de remarquer que l’abolition de
l’esclavage a laissé quelques traces assez voyantes… En effet, le cinéma
afro-américain fut fortement touché malgré son abolition le 2 juillet 1964.
2. La révolution des afro-américains à travers le domaine cinématographique
Dans le domaine cinématographique, la limitation de ces droits s’illustre à travers un certain nombre d’éléments, tels que « le black qui meurt en premier », le noir qui a souvent le mauvais rôle, celui du domestique notamment comme dans The Butler, puis celui du mal aimé, comme cela est le cas dans le film Sweet Sweetback, où l’acteur principal, un jeune noir du ghetto de Los Angeles, a des ennuis avec la police. Cela nous fait penser, une nouvelle fois à de nombreux stéréotypes.
Devant cette volonté de « boycott » de la
population noire américaine, cette dernière décida de prendre les devants en
créant un nouveau genre cinématographique, la « Blaxploitation ». Ce nouveau phénomène défend essentiellement
les intérêts et revendications des afro-américains, sur le domaine politique
dans les années 1970. Les films classés dans la Blaxploitation concernent notamment de sujets clichés comme la
prostitution, le ghetto, la drogue, le racisme et donc montre parfaitement les
difficultés quotidiennes de cette classe sociale. C’est d’ailleurs ce qui a
fait la popularité des films de ce genre à Hollywood.
Crédit : elle.fr |
« La
vraie question c’est : est-ce que Hollywood est raciste ? […] Bien
sûr ! Mais ce n’est pas le racisme auquel on est habitué. C’est un racisme
de cercle. » Lance Chris Rock durant la cérémonie des Oscars qu’il anime pour cette 88ème
édition. L’acteur
et humoriste ne s’est pas gêné pour évoquer la polémique qui enflamme la toile
depuis l’annonce des acteurs et actrices nominé(e)s. Dès le début de son
discours, il lance un petit pic envers l’Académie avec la phrase
suivante : « Je suis ici aux Oscars, connu aussi comme les
récompenses attribuées par les Blancs », avant d’ajouter (en s’adressant
au public) « Vous réalisez que s’ils désignaient les présentateurs, je ne
serai pas là ce soir ». Dès lors, simplement avec ces quelques phrases nous comprenons que Chris Rock prend position et qu’il suggère un véritable racisme anti-noir à l’encontre d’Hollywood. D’ailleurs, toujours lors de la
cérémonie, il explique avoir songé à suivre le mouvement de boycott avant de se
rétracter en se disant que même s’il refusait d’être le maître de la cérémonie,
celle-ci n’allait pas pour autant être annulée. En outre, l’acteur a profité de
sa présence et de sa couleur de peau pour évoquer certains points. En effet,
lors de sa présentation, l’humoriste a fait une parenthèse historique, à savoir
que cette « préoccupation pour la diversité » était récente
puisque dans les années 60 encore, il n’y avait aucunes protestations de la
part des acteurs afro-américains réclamant des changements dans le cinéma.
D’après un article abordant justement le discours
de Chris Rock lors de la cérémonie, sur le site France24.com, nous pouvons
relever plusieurs phrases clés résumant cette polémique et cette tension
raciale. L’une des phrases les plus importantes à retenir de son discours est
la suivante : « Si vous voulez
des nominés noirs tous les ans, vous devez créer des catégories pour noirs »,
expliquant donc que les noirs n’auraient pas leurs places dans les catégories
dites "normales". Un peu plus tard, il évoque le cas Michael B.
Jordan, que je vais aborder plus bas, en expliquant
que les choses étaient tout de même en train de changer puisque nous avons eu
un « Rocky noir » cette année. Bien que ce dernier joue le rôle du
fils d’Apollo Creed, l’animateur l’appelle le « Rocky noir ».
Finalement, la présence de Chris Rock comme maître de cérémonie peut être vu
comme un porte-parole aux noms de tous les acteurs afro-américains dans la
mesure où il parle au nom de tous lorsqu’il affirme qu’il ne s’agit pas
simplement de boycotter, mais de créer des opportunités pour que les acteurs
noirs puissent avoir exactement les mêmes opportunités qu’ont les acteurs
blancs.
Dans l’introduction j'ai rapidement parlé de la
composition des membres de l’Académie, et bien selon les analystes, ces membres
de l’Académie auraient tendance à sélectionner des films qui leurs
ressemblances. Etant composée de 94% de blancs, il est difficile de les
imaginer être séduit par des longs-métrages retraçant le parcours d’Hommes
afro-américains, ou tout simplement d’être séduit par un acteur (ou actrice) de
la sorte. Le site de FranceTvInfo s’est intéressé aux statistiques et selon elles, seuls 1,2% des Oscars sont
revenus à des acteurs noirs. Depuis la toute première cérémonie jusqu’à la 87ème, 2 947 statuettes ont été
décernées. Parmi les 2 947, seulement 36 ont remises à des
afro-américains. Mais ce que l’on constate, c’est que ce sont dans les
catégories « meilleure(s) chanson(s) » et « meilleure(s)
actrice(s)s dans un second rôle » que les distinctions ont été les
plus nombreuses. La première actrice noire à obtenir la statuette, pour le
meilleur second rôle, était Hattie McDaniel en 1940 pour son rôle dans Autant en emporte le vent mais la
première personne de couleur à obtenir l’Oscar de la meilleure actrice fut
Halle Berry en 2002. Concernant l’Oscar du meilleur réalisateur
(afro-américain) il aura fallu attendre 2014 avec le film Twelve years a slave de l’anglais Steve McQueen. Cependant, on se
rend compte que ce manque de représentativité lors des récompenses est surtout
lié à un manque de représentativité dans les films et séries télévisées. Parmi
les films produits à Hollywood en 2011, il n’y aurait eu que 10,5% d’acteurs ou
actrices principale issue des minorités. Ce manque de représentation, Hollywood
en souffre depuis environ cinq ans. Le cas Michael B. Jordan, que j'ai évoqué plus haut, est un exemple flagrant de ce problème de
représentativité.
En effet, cet
acteur qui nous était encore inconnu jusqu’à sa prestation dans Chronicle (film indépendant et
engagé), nous le retrouvons dans le reboot Les 4 Fantastiques qui a d’ailleurs fait un flop monumental
en box-office. Pour ceux qui ne connaissent pas les comics Marvel, il faut savoir qu’au départ la Torche Humaine n’a jamais
été noir. Nous le voyons notamment dans les deux premiers films (sorti en 2005
et 2007), l’acteur jouant le rôle de la Torche était Chris Evans, acteur blanc,
qui est aujourd’hui l’interprète du super-héros Captain America. Si Michael B.
Jordan a été choisi pour ce rôle dans le reboot de la franchise, c’est parce
que le film « voulait faire dans le politiquement correct » (NouvelObs).
Il s’agit donc d’un choix artificiel puisqu’il n’aurait
jamais été choisi s’il n’avait pas été noir. Le reboot de ce film a également
eu droit à sa polémique notamment à cause de ce choix opéré au niveau du
casting, c’est donc en parti pour cela que le film s’est totalement planté. En
revanche, nous pouvons nous demander pourquoi cet acteur, ayant joué le
rôle-titre dans Creed :
l’héritage de Rocky Balboa n’a eu aucune nomination tandis que
Sylvester Stallone, ayant seulement un second rôle dans ce même film, ai été
nommé.
La différence entre le cinéma et la télévision est
flagrante dans la mesure où les acteurs noirs sont beaucoup plus présents dans
les séries TV que dans les films. Idriss Elba, par exemple, joue le rôle de
Luther dans la série du même nom (série britannique) tandis que nous le voyons
très peu au cinéma (rôle secondaire dans Thor
et Thor : The Dark World). Le
monde télévisée offre des perspectives beaucoup plus intéressantes que celles
du septième art, car les rôles que peuvent obtenir les acteurs afro-américains
ne sont pas dû à leurs couleurs de peau mais à leurs talents. D’ailleurs,
beaucoup d’acteurs noirs dans les séries obtiennent des rôles importants tel
que Lawrence Fishburne dans Les
Experts ou le rappeur LL Cool J dans NCIS : Los Angeles, et sont régulièrement nommés dans
les compétitions. En titre de comparaison, il est intéressant d’expliquer que
le cas Fishburne est semblable à celui de Michael B. Jordan. Effectivement,
Jordan a joué dans un film de super-héros, dans le rôle d’un personnage qui, à
l’origine est blanc. Il en est de même pour Fishburne, jouant le rôle du
rédacteur-en-chef Perry White dans Man
Of Steel (sorti en 2013) et Batman vs Superman : Dawn of Justice (sorti en 2016)
alors qu’à l’origine, ce personnage n’est pas non plus noir. Ainsi donc, on
remarque que dans les séries, comme Les
Experts, il obtient ses rôles par son talent tandis qu’au cinéma, il
s’agit encore une fois de faire dans le politiquement correct. La télévision
est en avance sur le cinéma.
Conclusion
Différents types de discours d’ordre sociétales et culturelles ce sont manifestés lors des Oscars de plusieurs façons. Tout d’abord, le discours racial anti-noir n’a fait qu’accentué le discours racial anti-blanc puisqu’à force d’accorder trop d’importance aux nominations et aux victoires d’acteurs afro-américains, celui d’un acteur blanc paraît moins important et est moins mis en évidence. C’est surtout Charlotte Rampling qui a fait resurgir ce type de discours. Après tout, certains acteurs blancs sont tout aussi talentueux que d’autres acteurs afro-américains, et tout comme ces derniers, ces mêmes acteurs blancs n’ont jamais rien remporté (j'ai cité Clint Eastwood, Brad Pitt et Robert Redford). En outre, l’accusation de racisme qu’a eu Hollywood a fait réagir beaucoup d’acteurs (y compris blancs), décidant de boycotter la cérémonie des Oscars dans l’objectif de faire bouger les choses, de créer de nouvelles opportunités. Ainsi, on se rend compte que le discours racial anti-noir est un discours qui s’étend au-delà du cinéma et qui fait partie intégrante de l’histoire des Etats-Unis. Le mouvement de boycott a fait énormément parlé de lui, dans une époque où nous sommes tous connectés (grâce aux smartphones, tablettes, ordinateurs), la meilleure façon de faire bouger les choses est de passer par les réseaux sociaux, ce qui a été le cas notamment avec l’hashtag #OscarsSoWhite.
Plus on étudie la question, plus on remarque que la question de racisme est fondée puisqu’à notre époque, encore, certains acteurs obtiennent leurs rôles par rapport à leur couleur et non pas par leur talent (le cas Michael B. Jordan), contrairement au monde de la télévision. Hollywood offre plusieurs opportunités à ces acteurs noirs simplement pour montrer que l’accusation n’a pas lieu d’être, mais en agissant de la sorte la polémique s’enflamme davantage car les acteurs noirs jouent souvent des rôles caricaturaux (celui qui meurt en premier dans les films, celui qui joue le rôle du gangster, de l’esclave, du mal aimé…), et lorsque ce n’est pas le cas, ils sont nommés dans le rôle d’un personnage qui, à l’origine est blanc, ce qui exprime une volonté de créer des quotas, chose à laquelle Charlotte Rampling s’oppose totalement.
Ainsi, je me permet également d'évoquer la rumeur selon laquelle le prochain James Bond, après Daniel Craig, serait incarné par Idriss Elba. Son talent n’est absolument pas remis en cause, loin de là, mais James Bond est un personnage qui est censé être blanc, voir un acteur noir l’interpréter pourrait gêner. De la même façon, si le personnage de Black Panther (héros Marvel qui est notamment apparu dans le dernier Captain America) qui est noir était joué par un blanc, la polémique serait exactement la même que pour Les 4 Fantastiques (version 2015) ainsi que pour Spider-Man : Homecoming avec Mary-Jane qui serait interprétée par une actrice noire. Il ne s’agit pas là en soit de propos raciste, mais ce type de choix et le fait de vouloir être dans le politiquement correcte n’a fait qu’accroître ce type de discours racistes. Finalement, cette polémique et ces discours-là ne sortent pas de nulle part et ne datent pas d’aujourd’hui, il s’agit en réalité d’une accumulation des choix opérés par Hollywood et du fait que les membres de l’Académie soit essentiellement blanc, là encore il y a un manque de diversité. Les Oscars n’y sont pas pour grand-chose, mais il s’agit d’un événement très médiatisé, et c’est à travers lui que tous les reproches sont pointés du doigt. Plutôt que de critiquer directement Hollywood, ce sont aux Oscars que se sont manifestés ces discours afin que l’impact soit beaucoup plus important (le mouvement de boycott en est d’ailleurs la preuve). Comme l’explique Johan Chiaramonte, rédacteur en chef du magazine Rockyrama sur le site Onlike : "Les Oscars ne sont évidemment pas racistes […] Le mal est bien plus profond et ancré dans l’histoire même des USA. Je ne vais pas refaire l’histoire mais il semble que le problème est bien antérieur à l’arrivée du cinéma sur le sol américain", le cinéma serait donc le reflet des problèmes majeurs dans cette notamment ceux de l’intégration et de la reconnaissance. Pour revenir, sur le fait que les discours passent par Hollywood avant d’atteindre les Oscars, cela est tout à fait normal car la production du cinéma Américain est entre les mains d’Hollywood. Mais ces discours devraient plutôt avoir des conjectures et se focaliser sur Hollywood qui devrait être indexé car il est en partie coupable de ce manque de représentativité, disons qu’il est lui aussi victime du problème d’intégration et d’acception ancré dans la société.
Comment se font manifester ces types de discours ? Par le biais de la société, puisque le racisme est beaucoup plus présent qu’on ne le pense, par le biais d’un mouvement de boycott très impactant, par le biais des tensions raciales favorisant les nominations et victoires d’acteurs afro-américains alors que ceux-ci devraient pas être autant célébrés (comme cela est le cas pour les victoires et nominations des acteurs blancs) et donc la mise en évidence qu’il y a un souci d’égalité. Et enfin, par l’intermédiaire des choix maladroits commis par Hollywood en voulant faire dans le politiquement correct. De ces propos surgit une polémique : Hollywood serait-il le véritable coupable du racisme aux Oscars ?
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