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lundi 10 octobre 2016

Classique #1

Crédit : Allociné.fr

Oyé oyé internautes de Ciné-News, aujourd’hui Mehdi inaugure la rubrique « Classique » avec l’un de ses films préférés. Si je vous dis « Jusqu’ici tout va bien » ? « C’est à moi que tu parles !? » Vous avez deviné ? Je vais bien évidemment vous parler d’un des plus grands films du cinéma français, La Haine de Matthieu Kassovitz sorti en 1995. Avant de vous en parler, petit synopsis pour les rares personnes ne l’ayant pas encore vu.



I. Synopsis


Trois copains d'une banlieue ordinaire traînent leur ennui et leur jeunesse qui se perd. Ils vont vivre la journée la plus importante de leur vie après une nuit d'émeutes provoquée par le passage à tabac d'Abdel Ichah par un inspecteur de police lors d'un interrogatoire.









II. Autour du film

Matthieu Kassovitz a eu l’idée de réalisé La Haine en s’inspirant de la bavure policière envers Makomé M’Bowolé en avril 1993 (deux ans avant le film) il s’interrogeait sur la haine réciproque entre les policiers et les jeunes de cités.

 « Le policier n’a certainement pas voulu tirer, mais il lui a fait peur, il a mis le flingue, il a armé le chien, et [je me suis demandé] comment le môme a réussi à le mettre dans une telle situation de haine. […] Il y a une telle haine dans les deux camps, qu’il faut au moins poser la question. Des armes, les flics en ont, et dans les cités ils en ont, mais pour l’instant les plus sages ce sont les mecs des cités parce qu’ils ne s’en servent pas encore. »

-    - A la genèse du projet, le film devait s’appeler « Droit de cité ». C’est par la suite que « La Haine » lui vint à l’esprit. Malgré le refus des producteurs trouvant le nom trop dur, Matthieu Kassovitz imposa son choix.

-   - Matthieu Kassovitz est également acteur dans le film, en jouant le rôle d’un Skinhead que l’on voit à la fin du film.


Matthieu Kassovitz dans son rôle de Skinhead
Crédit : telestar.fr


-   - Le film a connu un véritable succès à sa sortie notamment grâce son prix de la mise en scène à Cannes et au César du meilleur film cumulant ainsi près de deux millions d’entrées au total.

-   - Cependant, le film n’a pas connu le même succès auprès des forces de l’ordre qui trouvaient le film peu représentatif de leur profession.


        III. Avant d’aller voir le film


La Haine est l’un des films les plus connus du cinéma français. Lors de mon premier visionnage en 2007 (j’avais 10 ans) je n’ai pas réussi à capter les intentions et l’enjeu du film dû au manque de recul et de maturité.

En 2013, n’ayant que peu de souvenirs du film et après avoir mûri, j’ai décidé de retenter l’expérience. Bien évidemment j’avais plusieurs attentes :

-    - Il est difficile de se faire un avis objectif sur un film déjà caractérisé de « Classiques » par la grande partie de la population. On a tendance à le regarder d’un œil différent et le film privilégie déjà d’un statut avant même de l’avoir vu. On peut se dire : Si la plupart des gens trouvent ce film super, alors je vais le regarder . On est déjà plus ou moins influencé par l’opinion public. C’est la fameuse théorie du contenu/contenant (Merci les cours de communication !) où le succès du film est plus important que le film lui-même. J’ai donc malgré tout essayé de regarder ce film le plus objectivement possible et comprendre sa réussite.

-   - Matthieu Kassovitz a fait le choix étonnant du noir et blanc à une époque où la couleur était majoritaire. Cela me faisait rappeler de grands classiques comme Raging Bull (1980) de Maître Scorsese, Psychose d’Alfred Hitchcock (1960) ou encore La liste de Schindler de Steven Spielberg (1993). Ces classiques du cinéma sont en noir et blanc à une époque où la couleur existait. Ces films ont un point commun : la difficulté de montrer des images choquantes en couleur. Le sang pour Hitchcock et Scorsese, et l’horreur de l’Holocauste pour Spielberg. Était-ce la même raison pour Matthieu Kassovitz ?


Psychose (1960)
Crédit : cinema.jeuxactu.com
Raging Bull (1980)
Crédit : rogerbert.com
La liste de Schindler (1993)
Crédit : allociné.fr







-    - J’étais impatient de voir les débuts de Vincent Cassel et Said Taghmaoui au cinéma car aujourd'hui ces acteurs ont une notoriété indéniable. En effet, Vincent Cassel est l’un des acteurs français les plus connues dans le monde et a joué dans de très grands films comme Jacques Mesrines (2008) ou Ocean’s Twelve (2004). Said Taghmaoui a décidé après la Haine de s’installer aux Etats Unis et a notamment joué dans Gi Joe (2009).

Je voulais savoir comment Matthieu Kassovitz, jeune réalisateur avec peu d’expérience ainsi qu’un casting pas connu ont réussi à faire de La Haine un film incontournable.

    IV. Mon avis

Note : 4,5/5
J’ai rapidement compris le succès de ce film et les raisons pour lesquelles il peut être considéré comme un classique. Matthieu Kassovitz a réussi à rendre son film éternelle en abordant un sujet sociologique encore d’actualité et qui aurait très bien pu sortir en 2016.



Aspect sociologique toujours d’actualité :

Derrière le film se cache un véritable aspect sociologique. Nous avons d’un côté les jeunes de cités et d’un autre côté les policiers. Beaucoup de personnes trouvent que le film fait une généralité en mettant les méchants policiers d’un côté et les jeunes de cité de l’autre.
Je n’ai vraiment pas compris cette vision. Le film raconte la journée de trois jeunes ayant la haine mais qui l’expriment différemment :

- Vinz joué par Vincent Cassel trouve une arme et souhaite venger son ami en tuant un policier dans le cas où ce dernier perd la vie. Vinz incarne le jeune "nerveux" voulant extérioriser sa haine et qui considère que tuer un policier rétablira la balance.

- Hubert joué par Hubert Koundé essaye d'empêcher son ami Vinz de faire une erreur en tuant un policier en lui expliquant que tout les policiers ne sont pas mauvais. De plus, il n'en peut plus de la cité et souhaite la quitter le plus rapidement possible.

- Et pour finir, Said joué par Said Taghamaoui essaye de faire abstractions des problèmes de la cité en étant le spectateur et le "rigolo" du groupe.

Vinz, Said et Hubert
Crédit : lafactory.hypotheses.org

Dire que c'est un film contre la police est selon moi erroné. Le rôle d'Hubert vient contredire cette vision, car il exprime sa haine en restant irréprochable envers la police. Les fréquentes disputes entre Vinz et Hubert sont la simple représentation de ce que les jeunes pensent aujourd'hui. Certains pensent à la vengeance comme moyen et d'autres à la dénonciation. 

De plus, je trouve ce débat inutile et sans issue car partir du moment où l’on sait qu’il existe des bavures policières alors on peut les utiliser au cinéma sans pour autant vouloir en faire une généralité.


Un film en deux parties :

Le scénario du film peut être divisé en deux parties : 
La première se déroule dans la cité des trois protagonistes. On apprend à connaître les trois jeunes dans leur quotidien ainsi que leur personnalité. 
Cette première partie qui malgré sa lenteur, connaît de véritables fulgurances. En effet, l'ennui est omniprésente pour nos protagonistes qui vagabondent à la recherche de la moindre chose à faire pour pimenter leur journée. 

C'est surtout la deuxième partie qui est intéressante. Vinz, Hubert et Said décident de se rendre à Paris pour récupérer l'argent de Said. En sortant de leur endroit habituel, on voit le choc culturel entre des jeunes venant de la banlieue et la vie parisienne. D'ailleurs dans cette partie on voit Vinz, Hubert et Said saccager une exposition, voler une voiture, récupérer de l'argent illégale etc. Cela montre encore une fois que Kassovitz ne cherche pas à idéaliser les jeunes de cité mais qu'il essaye de reproduire au mieux les deux camps avec leurs qualités et leurs défauts.

En découvrant la capitale, les trois jeunes nous offrent des scènes cultes.

Des scènes cultes

Ce que l'on retient de La Haine, ce sont surtout ses scènes cultes.

Beaucoup de films ont essayé d'utiliser le ''You talkin' to me ?" de Travis Bickle joué par Robert de Niro dans Taxi Driver sans succès. Seul Vincent Cassel à réussi à faire revivre cette phrase culte en lui donnant un aspect plus colérique et une expression du visage impressionnante. 




Durant tout le film, Vinz dis qu'il a vu une vache passé près de lui durant les émeutes. Une vache dans une cité pendant les émeutes ? On se dis qu'il a eu une hallucination. Et bien, on retrouve cette vache en plein milieu du film rendant la scène complètement inattendue. 
Plusieurs suppositions et théories existent concernant cette vache que je n'exposerais pas ici de peur de spoiler. (C'est le boulot d'Alex ça, pas le mien !)



Ma scène préféré : L'histoire de Grunwalski 
Durant cette scène, alors que Hubert et Vinz se disputent (oui encore !) sous le regard de Saïd, un mystérieux monsieur sort des toilettes et raconte une histoire totalement loufoque. Le plus drôle est la réaction de Vinz, Hubert et Said. Néanmoins derrière cette histoire se cache une véritable morale : Il faut parfois sacrifier sa fierté pour avancer.




Concernant la fin du film que je ne peux pas dévoiler pour les personnes qui ne l'ont pas encore vu, je peux juste vous dire que pour Matthieu Kassovitz l'important c'est pas la chute c'est l'atterissage. Et le film a très bien atterri...



 V. Conclusion


La force de Kassovitz est qu'il ne fait jamais rien au hasard. Chacune de ses scènes absurdes ou non ont un sens caché ou moral. Ces personnages, ainsi que leur opinion, représentent une partie de la population. C'est ce qui fait la force de ce film. 

Beaucoup de personnes ont déjà vu ce film, alors j’espère vous avoir donné envie de le revoir. Et pour les personnes ne l’ayant pas vu, je vous conseille d’aller le voir le plus rapidement possible pour vous faire votre avis. 

Désormais à vous de vous faire votre propre avis, en espérant vous avoir apporté des informations utiles !
A bientôt sur Ciné-News ! (← en cliquant ici, vous retrouverez la page facebook dédiée à ce blog)
Mehdi 

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