Après un long moment d’absence,
me voilà de retour ! Et pour marquer le coup, j’ai décidé de m’attaquer à
une franchise qui compte à son bord pas moins de neuf films (je ne prends pas
en compte les deux volets sur Deadpool
qui ne feront pas l’objet de cette rétrospective) : X-MEN. Considérez ce récap' comme un dossier, celui-ci se
manifestera par plusieurs petits articles qui forment un tout. Ainsi, la première
partie de cette rétrospective sera consacré à la première trilogie qui – comme
son nom l’indique – est composée des trois premiers volets, sortis respectivement
entre 2000 et 2006. Dans ce dossier il sera question d’aborder les thèmes
sociétaux que la franchise tente de mettre en avant, les problèmes que
rencontre la saga au fil des épisodes et il sera surtout question de traiter de
son évolution (est-elle bonne ? mauvaise ? Pour quelle(s) raison(s) ?).
Avant toute chose, j’aimerai dire
que ce qui est particulièrement
intéressant avec cette saga, au-delà de toute considération esthétique, c’est
combien ces films sont représentatifs de l’inventivité et de la richesse de
tout un pan de la production hollywoodienne. En effet, alors même que beaucoup ne
voient dans le cinéma commercial américain qu’un « mauvais objet
culturel » abrutissant et sans intérêt, il me semble que des œuvres comme
les X-Men expriment justement bien la complexité d’un grand nombre
de ces films qui, derrière leur apparence de blockbusters et de divertissement un peu simplistes, n’en
demeurent pas moins de passionnantes réflexions sur les questions
sociopolitiques qui agitent nos sociétés. Les X-Men, au-delà de
leur dimension spectaculaire et distrayante, proposent en effet une réflexion
très pertinente sur la question de l’Autre dans la société d’aujourd’hui, mais
aussi une nouvelle façon d’aborder la question de l’altérité dans le cinéma
hollywoodien – ce que peu de spectateurs ont su voir.
Dès lors, il me semble pertinent de commencer à analyser cette franchise
par ordre chronologique des sorties de films. Commençons donc !
X-MEN, ça parle de quoi ?
L’action du premier opus se
déroule à New York et met en scène un monde semblable au nôtre mais situé dans
un avenir proche, dans lequel existent des Mutants, c’est-à-dire des êtres en
apparence humaines mais dotés de super-pouvoirs. Le Sénateur Kelly, un homme
politique visiblement raciste, veut faire adopter une loi visant à ficher et à
contrôler les Mutants dont une part croissante de la population humaine se
méfie de plus en plus. Face à cette répression grandissante, les Mutants
adoptent deux positions antagonistes : Magneto, rescapé des camps
d’extermination nazis étant enfant, voit dans cette loi – qui lui en rappelle
une autre – une menace sérieuse pour les Mutants qu’il considère comme
l’avenir du monde. Il décide donc de mener une guerre sans merci contre Kelly
et les humains. Face à lui, son vieil ami, le professeur Xavier, tente lui
d’apaiser les choses et de promouvoir une collaboration harmonieuse entre
Mutants et humains. Il a créé pour cela une école spécialisée pour
« surdoués » (en fait, pour Mutants) et une équipe de choc, les
X-Men, pour contrecarrer les plans de Magneto.
X-Men 2 fonctionne considérablement
sur le même schéma scénaristique puisqu’un humain du nom de Stryker veut à son
tour exterminer tous les Mutants auxquels il voue une haine féroce. Pour le
combattre Xavier et Magneto vont momentanément faire alliance. Enfin, dans le
troisième opus, X-Men l’affrontement final, qui se
déroule essentiellement à San Francisco, les humains ont mis au point un remède
permettant aux Mutants de devenir « normaux » ce qui déclenche la fureur
de Magneto et une guerre féroce entre sa confrérie de Mutants suprématistes et
les humains aidés des X-Men.
Rien qu’avec la lecture de ces
synopsis, on devine très rapidement que ce qui fait la richesse de ces films, c’est
qu’ils réutilisent tous les grands thèmes liés à l’altérité : la question
juive, l’homosexualité (je reviendrai dessus un peu plus tard), le problème
noir, le regard que l’on porte sur les handicapés physiques, sur les malades du
sida, ou encore sur les étrangers. Avec une certaine habileté, les auteurs ont
opéré une sorte de mélange pour signifier la différence des Mutants et rendre
leur vécu si consistant. Autrement dit, les Mutants des X-Men renverront
pour chacun de nous à une forme d’altérité – l’homosexualité pour les uns,
l’altérité raciale pour les autres – qui dévoilera un sous-texte totalement
cohérent. Je tiens également à ajouter que c’est ce sous-texte intelligemment utilisé
qui m’a fait apprécier cette franchise.


A noter également que l’altérité
des Mutants est souvent associée à celle des homosexuels. La scène la plus
explicite est celle du « coming out » de Bobby
(Iceberg) dans X2 et à la réaction embarrassée de sa famille :
sa mère, mal à l’aise et maladroite, qui lui demande : « tu as essayé
de ne pas être un mutant ? » tandis que son frère s’empresse
d’appeler la police.
Il est d’ailleurs intéressant de constater que c’est à
l’adolescence que les sujets prennent conscience de leur pouvoir et de leur
identité de Mutant. Or, ce qui définit l’adolescence c’est précisément l’éveil à
la sexualité et la transformation du corps qui l’accompagne. Dans X-Men l’affrontement
final, l’allusion crypto-gay est encore plus flagrante à travers le
personnage de Warren (Angel) qui découvre adolescent sa nature de Mutant (via
les ailes naissantes qui lui poussent dans le dos) et refuse sa différence de
peur de décevoir ses parents (il se les arrache en cachette dans la salle de
bain). Par la suite il prendra littéralement son « envol » du nid
familial pour assumer pleinement son identité de Mutant.
D’autres métaphores peuvent par
ailleurs être repérées par-ci par-là, comme les références à la maladie (avec
le « remède » de X3) et plus particulièrement au sida
(Malicia qui tue en embrassant ses petits copains), références encore aux
étrangers (Kurt Wagner et son fort accent allemand) ou aux handicapés (Xavier
est paraplégique, Cyclope est aveuglé sans ses lunettes).
Nous l’avons vu, les « vrais
méchants » ici ce sont les humains, les gens « normaux »
dépeints comme des intolérants (manifestations anti-Mutants à la télé, parents
incompréhensifs au point de détruire leurs enfants, politicards
proto-fascistes). Certains sont même foncièrement détestables (Kelly, Stryker),
davantage encore, que l’antagoniste principal de la trilogie : Magneto. Et
c’est là que le discours s’avère plus nuancé qu’il n’y paraît. Singer semble
fasciné, autant que nous, par la figure de Magneto qui a de très bonnes raisons
d’en vouloir à la terre entière. D’ailleurs il n’a pas toujours tort de se
méfier comme de la peste des humains. Rappelons aussi que Xavier et lui se
respectent profondément et se considèrent toujours, malgré leurs différents,
comme de « vieux amis ». Ils luttent tous deux pour les droits des
Mutants et illustrent en fait les deux facettes d’une même pièce, incarnant
deux stratégies plus ou moins efficaces selon les circonstances.
Voilà pour la partie analyse.
Venons-en maintenant à l’aspect critique : qui sera beaucoup moins longue,
rassurez-vous.

Là où Singer marquait ses films
de sa patte d’auteur, Ratner s’impose en faiseur sans thématique ni esthétique
particulière. En ce qui concerne la très grande majorité du film, le
réalisateur s’efface derrière l’esthétique instaurée par son prédécesseur. Il
s’efface également derrière le
travail établi dans le matériau originel. Effectivement, ce dernier opus est
sans doute celui qui puise le plus dans sa source. Qu’il s’agisse
d’arcs scénaristiques connus (Dark Phoenix, le remède contre le gène mutant, la
perte des pouvoirs de certains protagonistes) ou bien de clins d’œil (la Salle
des Dangers, pour ne citer qu’elle), tout provient de la BD. X-Men
3 tente – maladroitement – la double tâche de boucler toutes
les pistes ouvertes par les précédents volets et de glisser toutes les
références manquantes. D’un point de vue narratif, le film se situe quelque
part entre les deux opus. A l’image d’X-Men, il est relativement court
et s'aventure sur quelques chemins qui auraient mérité d’être explorés plus
avant, tout en laissant l'action guider l'histoire, comme le faisait X2.
N’ayant jamais su quoi faire de son personnage, la franchise victimise une fois
de plus ce pauvre Cyclope qui aurait pourtant pu voir son rôle enfin exploité
si le Phénix avait bénéficié d’un film à lui tout seul. X-Men – L’Affrontement
final veut trop en faire en étant forcé dans sa place, limitée,
de dernier épisode de la trilogie.



Quoi qu'il en soit, au-delà de l’indulgence se révèle une sincère appréciation du produit fini, à savoir un très bon blockbuster.
Notons également que cette trilogie semble
être la seule à être cohérente avec la timeline établie. Nous le verrons, mais
la timeline de cette franchise est bordélique. La faute à X-Men Origins :
Wolverine, First Class et (même s’il est l’un de mes préférés) Days of Future
Past qui instaurent des éléments qui n’étaient pourtant pas présents dans la
première trilogie alors qu’ils s'inscrivent dans la chronologie de cette même trilogie.

Je vous donne rendez-vous dans
les prochaines semaines pour le reste de ce dossier « Rétrospective ».
J’espère que cette première partie vous aura plu ! N’hésitez pas à me
donner vos retours.
À bientôt sur Ciné-News ! (← en cliquant ici, vous retrouverez la page facebook dédiée au blog)
Alex
Je suis désolé du cinéma français car il n'y a pas d'argent. Je suis désolé pour le cinéma américain car il n'y a pas d'idées. un célèbre critique a dit, mais maintenant les films https://sokrostream.tube/action-film-streaming/ sont bons
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